« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


jeudi 13 janvier 2011

Gérard Rimbert, Viellards sous bonne garde, Réparer l’irréparable en maison de retraite

Gérard Rimbert
Viellards sous bonne garde
Réparer l’irréparable en maison de retraite
Éditions du Croquant
2011


Présentation de l'éditeur
Au cours des années 1960, alors que s’accentue en France l’exigence d’humanisation des pratiques d’accompagnement de la dépendance, les résidents des maisons de retraite, de plus en plus âgés et dégradés, sont aussi de moins en moins aptes à manifester leur « humanité ».
Pour échapper à l’image du « mouroir », les établissements mettent en valeur les vieillards les plus présentables, les autres étant, de ce fait même, disqualifiés. Cette organisation contribue à hiérarchiser les tâches et les personnels, distribués entre façade et zone d’ombre. Les tâches d’entretien des relations interpersonnelles et des statuts sociaux s’opposent à celles qui relèvent du simple gardiennage des corps, d’où une hiérarchie au sein du personnel superposable à celle entre « bons » et « mauvais vieux ».
Tenus de réparer l’irréparable, c’est paradoxalement en s’opposant aux règles « humanistes » de l’institution que certains employés des maisons de retraite adoptent des postures réparatrices. La professionnalisation du milieu gériatrique repose, de fait, sur des compétences techniques, mais aussi sur des dispositions morales (comme celles des bénévoles des petits frères des Pauvres).
Jouant de l’observation discrète autant que de la participation, confrontant les pratiques les plus refoulées aux discours les plus enchantés, cette enquête sociologique démonte les mécanismes d’une vieillesse à plusieurs vitesses et aide à comprendre ce que signifie au quotidien l’exigence d’endiguer l’irréversible.
Après une thèse en sociologie, Gérard Rimbert a enseigné à l’université de Limoges puis mené des recherches sur la souffrance au travail et sur les SDF toxicomanes. Membre associé du Centre de sociologie européenne, il est expert en risques psychosociaux au sein du cabinet Technologia. http://gerard.rimbert.free.fr

Introduction
Une sociologie de la vieillesse
Une sociologie du travail et des professions
Méthodologie
Annonce du plan


Première partie
Injonction d’humanisation et dégradation des populations encadrées

Chapitre 1.De l’hospice à la dépendance
La fin des mouroirs
Le « troisième âge », une formule magique ?
Le quatrième âge : retour des grabataires et nouveaux traitements collectifs

Chapitre 2. Vision enchantée et « sale boulot »
Le quotidien en maison de retraite
Des vacances enchantées ?


Seconde partie
Processus de professionnalisation et négation des compétences sociales

Chapitre 3.Les solutions institutionnelles apportées au problème
des compétences molles
La formation en gérontologie : une opération « mains propres »
Ce qui incombe au personnel : un programme strict pour des métiers flous

Chapitre 4. Quand les obstacles aux prescriptions se font régulations informelles
Un recrutement « à l’aveugle »
Le travail de traduction par le petit personnel

Chapitre 5. Les profits du dévouement
Servir la famille
Servir une cause

Conclusion
Réparer les crises biographiques
Tirer profit de l’encadrement des crises biographiques irréversibles
Institutions totales, gardiennage des corps et vision enchantée

Bibliographie


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