L'immigration ou les paradoxes de l'altérité
3. La fabrication des identités culturelles
Cours & travaux
Raisons d'agir
2014
Présentation de l'éditeur
La France a une longue tradition d’immigration. En période d’essor
économique, les immigrants ne font guère parler d’eux ; ce n’est qu’en
situation de crise qu’ils viennent à occuper le centre du débat public.
Ils ne sont plus seulement des travailleurs invisibles exerçant souvent
les tâches les plus rudes, ou des héritiers de l’immigration identifiés
par leur appartenance sociale, ils se transforment en un groupe social à
part, dont l’identité, la culture propre mettent en cause la culture et
la cohésion nationale.
L’intérêt de ce nouveau recueil de textes d’Abdelmalek Sayad est de circonscrire la place et la fonction ambivalente de la "culture des immigrés" dans les années 1980, à la fois instrument de légitimation et de rejet de cette population. Dernier volet de L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, cet ouvrage poursuit l’analyse des effets de l’émigration familiale, pour comprendre la transformation des préoccupations politiques : de la question de l’adaptation des "travailleurs immigrés" à la société française, on passe aux difficultés que rencontrent leurs enfants, français pour la plupart.
Il se donne également pour objet les incidences que l’émigration et l’immigration induisent sur les usages que font les immigrés de leur culture. Sayad retrace, en particulier, les différents sens que prend l’Islam et il montre les transformations du rapport à la religion musulmane au sein de la population immigrée et dans la manière de percevoir cette population en France. Pour Sayad, la question est tout autant de restituer les défis que l’immigration pose au politique, que de saisir les moyens dont le politique se dote pour légitimer et dissimuler sa domination.
Sayad revient sur l’émergence d’une nouvelle gestion de l’immigration qui met en avant les origines des immigrés et de leurs descendants. Il met au jour une forme de réification culturelle qui enferme les enfants en les figeant dans leur relation à leurs parents immigrés, et qui est aussi un moyen de les stigmatiser (aussi bien "beurs" que "travailleurs inassimilables"). Ce processus contribue à cacher les conditions sociales de vie et à ériger des catégories "identitaires" pour ces jeunes Français.
Le discours sur l’"intégration" qui se constitue à cette période et qui est omniprésent de nos jours, est ainsi l’aboutissement des mécanismes décryptés par cet ouvrage : il produit la situation intenable propre à la condition "d’immigré de l’intérieur". Une présentation du texte proposée par Amín Pérez qui prépare une thèse sur l’oeuvre de Sayad, fournit au lecteur les éléments contextuels permettant de comprendre cette période politique singulière de l’histoire de France et montre l’originalité et la portée analytique du travail de Sayad dans les débats politico-médiatiques actuels.
L’intérêt de ce nouveau recueil de textes d’Abdelmalek Sayad est de circonscrire la place et la fonction ambivalente de la "culture des immigrés" dans les années 1980, à la fois instrument de légitimation et de rejet de cette population. Dernier volet de L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, cet ouvrage poursuit l’analyse des effets de l’émigration familiale, pour comprendre la transformation des préoccupations politiques : de la question de l’adaptation des "travailleurs immigrés" à la société française, on passe aux difficultés que rencontrent leurs enfants, français pour la plupart.
Il se donne également pour objet les incidences que l’émigration et l’immigration induisent sur les usages que font les immigrés de leur culture. Sayad retrace, en particulier, les différents sens que prend l’Islam et il montre les transformations du rapport à la religion musulmane au sein de la population immigrée et dans la manière de percevoir cette population en France. Pour Sayad, la question est tout autant de restituer les défis que l’immigration pose au politique, que de saisir les moyens dont le politique se dote pour légitimer et dissimuler sa domination.
Sayad revient sur l’émergence d’une nouvelle gestion de l’immigration qui met en avant les origines des immigrés et de leurs descendants. Il met au jour une forme de réification culturelle qui enferme les enfants en les figeant dans leur relation à leurs parents immigrés, et qui est aussi un moyen de les stigmatiser (aussi bien "beurs" que "travailleurs inassimilables"). Ce processus contribue à cacher les conditions sociales de vie et à ériger des catégories "identitaires" pour ces jeunes Français.
Le discours sur l’"intégration" qui se constitue à cette période et qui est omniprésent de nos jours, est ainsi l’aboutissement des mécanismes décryptés par cet ouvrage : il produit la situation intenable propre à la condition "d’immigré de l’intérieur". Une présentation du texte proposée par Amín Pérez qui prépare une thèse sur l’oeuvre de Sayad, fournit au lecteur les éléments contextuels permettant de comprendre cette période politique singulière de l’histoire de France et montre l’originalité et la portée analytique du travail de Sayad dans les débats politico-médiatiques actuels.
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