"Il s’ensuit que la logique du vote, que l’on tient communément pour paradigmatiquement démocratique, est doublement défavorable aux dominés : d’une part, les agents ne possèdent pas tous au même degré les instruments, notamment le capital culturel, qui sont nécessaires pour produire une opinion dite personnelle, au double sens d’autonome et de conforme à la particularité des intérêts attachés à une position particulière (ce qui signifie que le vote ne deviendra vraiment le suffrage universel qu’il prétend être que lorsqu’on aura universalisé les conditions d’accès à l’universel) ; d’autre part, le mode de production atomistique et agrégatif cher à la vision libérale est favorable aux dominants qui, parce que les structures de l’ordre social jouent en leur faveur, peuvent se contenter de stratégies individuelles (de reproduction), alors que les dominés n’ont quelque chance de s’arracher à l’alternative de la démission (à travers l’abstention) ou de la soumission qu’à condition d’échapper à la logique, pour eux profondément aliénante, du choix individuel."Pierre Bourdieu, in Le mystère du ministère. Des volontés particulières à la « volonté générale », Actes de la recherche en sciences sociales , 2001/5 (no 140), Votes
Pierre Bourdieu, Le mystère du ministère. Des volontés particulières à la « volonté générale », Actes de la recherche en sciences sociales
, 2001/5 (no 140), Votes
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