Présentation de l'éditeur
Dans la famille des nouveaux chiens de garde, il y a les bouledogues
(écrivailleurs et papoteurs tous médias) et les bassets (petits roquets
de la presse régionale), les éditorialistes pour papier ou pour micro et
les chroniqueurs des matinales des radios et des émissions vespérales
des télévisions. Tous ces prescripteurs d’opinion (qui font d’abord
l’opinion des prescripteurs d’opinion) et se prennent pour des
pédagogues, alors qu’ils ne sont que les secouristes du désordre
existant… et, par exemple, d’Angela Merkel (voir p. 4-5). La liste est
longue… de ces peu nombreux : des penseurs de Libération, bouffis
de certitudes (p. 17-18) au journaliste consultant de football vautré
dans la beaufitude (p. 24-25) en passant par les douaniers du débat
public, tel Patrick Cohen, dernier maître censeur en date (p. 9-10).
Ce journalisme convenu et convenable n’est en rien dérangé par le
journalisme décontracté des prospecteurs d’anecdotes, celui du « Lab »
d’Europe 1 par exemple (p. 6-8). Et ce journalisme de commentaire et de
bavardages, envahissant, écrase de tout son poids le journalisme
d’information.
Et notamment :
- Le journalisme d’investigation, qu’il ne faut pas confondre, même
s’il se confond souvent avec lui, avec le journalisme de révélation qui
se borne à « sortir des affaires » : un journalisme qui lance des
alertes sur la vie économique et sociale.
- Le journalisme d’enquêtes et de reportages, trop souvent miné, il
est vrai, par le goût de la dramatisation et la recherche du spectacle.
Pourtant, ces journalismes-là, plus ou moins, minorés, existent bel
et bien, même à la télévision (voir « Un œil sur le Mali », p. 11-12).
Des journalismes que ne peuvent (ou ne veulent) pas exercer la plupart
des soutiers de l’information : sous-traitants d’orientations
éditoriales qui leur échappent, exécutants de chefferies ivres de
management, petites mains préposées au recyclage des dépêches d’agence.
Non, les journalistes ne sont pas « tous pourris » ! Nombreux sont
ceux qui résistent, réfractaires, ou simplement attachés à la
déontologie de leur profession. Encore faut-il que les conditions qui
permettraient vraiment de la faire respecter puissent être réunies (p.
19-20). Comme il reste à réunir les conditions d’une autre formation des
journalistes (p. 21-23). Mais pour que d’autres journalismes soient
possibles et se répandent, un autre monde médiatique est nécessaire.
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