Walter Benjamin
Karl Kraus
Allia
Petite Collection
2018
Présentation de l'éditeur
‘Que valent en effet les informations les plus précises des quotidiens au regard de l’exactitude terrifiante avec laquelle Die Fackel décrit des faits juridiques, linguistiques et politiques ? Il n’a que faire de l’opinion publique. Car les nouvelles sanglantes de ce ‘journal’ réclament une sentence. Et contre nul autre avec autant d’urgence et de véhémence que contre la presse elle-même.’’
Écrivain, dramaturge, grand satiriste : Karl Kraus (1874-1936),
figure centrale de l’esprit fin de siècle viennois, fut un fin limier du
langage. De 1899 à sa mort, il fonde et dirige Die Fackel,
dont il est parfois l’unique rédacteur. Les lecteurs de cette revue
pamphlétaire, parmi lesquels Schönberg, Musil, Canetti, Wittgenstein ou
encore Adorno, attendent à chaque numéro, impatients et anxieux, la
tombée du couperet. Les milieux intellectuels redoutent cette plume
acerbe, naturellement admirée par Thomas Bernhard.
Walter Benjamin a tenu à rendre hommage à cette figure controversée
dans un essai lumineux, auquel il s’est consacré corps et âme un mois
durant, en janvier 1931. Loin d’être un monument à l’esprit d’un temps
révolu, son éclairage soulève nombre de questions d’actualité. Aux yeux
de Benjamin, Kraus a su faire apparaître ‘‘le journalisme comme
l’expression parfaite du changement de fonction du langage dans le
capitalisme avancé’’. Information créatrice d’“événements” avant les
“événements” eux-mêmes… On ne saurait être plus actuel. Mais Benjamin ne
fait pas ici que commenter une œuvre et des idées, il dresse également
le portrait d’un homme fascinant, d’un dramaturge qui fut aussi son
propre personnage.
Traduit de l'allemand par Marion Maurin et Antonin Wiser.
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