Aaron Cicourel
La justice des mineurs au quotidien de ses services
Traduit de l'américain par Samuel Bordreuil
Institut d'Etudes Sociales
Le geste social
2018
Présentation de l'éditeur
Publié pour la première fois en 1968, puis réédité plusieurs fois The Social Organization of Juvenile Justice
(titre original) d’Aaron Cicourel appartient à la catégorie des
classiques de la littérature sociologique. Près d’un demi-siècle après
en voici une traduction en français.
Suivre les trajectoires des mineurs, supposément délinquants, pris
qu’ils sont dans les mailles de leur justice; suivre au plus près – sur
quatre ans, partageant leur quotidien - ceux qui les suivent :
policiers, personnels du Contrôle Judiciaire. C’est-à-dire retracer,
d’un entretien à l’autre, d’un rapport au suivant, l’avancée des
dossiers que ces services instruisent sur ces jeunes, traquant ainsi ce
qui dans ces dossiers, par déports successifs, tout à la fois éloigne du
théâtre originel des frasques des mineurs leur ayant valu de tomber
sous le radar, et permet in fine de boucler leurs cas comme manifestant
le socle d’une histoire sur lequel ancrer verdict et préconisation :
telle est la matière vive du livre ; et, d’aborder la sociologie de la
délinquance, non par les délinquants, mais par ceux (les services) qui
les réputent tels et ainsi les génèrent, voilà sa singularité.
En même temps, le livre d’Aaron Cicourel fait date, non seulement
dans le champ de la sociologie de la déviance, mais dans l’histoire même
de la sociologie parce qu’on y trouvera, noué comme rarement, un
entrelacs réflexif entre singularité d’objet et potentiels des diverses
méthodologies susceptibles d’honorer cette singularité. Un pied dans les
‘communities studies’ ; un autre dans la grille analytique de
l’ethnométhodologie sans, pour autant, que les approches statistiques y
passent par pertes et profits.
A tous égards, aussi bien pour ceux pour qui la délinquance et/ou la déviance est l’objet central de leurs recherches, que pour la corporation sociologique dans son ensemble soucieuse de savoir ‘où elle en est’, la lecture de ce classique enfin traduit apportera beaucoup.
A tous égards, aussi bien pour ceux pour qui la délinquance et/ou la déviance est l’objet central de leurs recherches, que pour la corporation sociologique dans son ensemble soucieuse de savoir ‘où elle en est’, la lecture de ce classique enfin traduit apportera beaucoup.
Aaron Cicourel (1928-) est Professeur émérite de l'Université de Californie à San Diego (UCSD). Il a reçu le doctorat honoris causa de
l’Université de Fribourg (2007) et de la Complutense Université de
Madrid (2008). Une part importante de ses ouvrages a été traduite en
allemand, japonais, espagnol ou français (Editions du Seuil). Il
constitue une figure centrale des sciences sociales de la seconde moitié
du 20e siècle. Il a été introduit au public francophone par
Pierre Bourdieu qui a veillé à la diffusion de son œuvre. Outre la
délinquance juvénile, ses recherches innovantes ont porté sur des
domaines variés : les méthodes d’enquête en sciences sociales ; le
raisonnement médical en situation d’entretien entre médecin et patient ;
le rapport entre aptitudes langagières et performances scolaires. La
rigueur scientifique d’Aaron Cicourel s’est toujours accompagnée du
souci de mettre la sociologie au service de la société, et en
particulier des acteurs sociaux sur lesquels portaient ses recherches,
afin de contribuer à la réflexion sur leurs conditions d’existence et,
quand cela était possible, à leur amélioration.
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