Fabien Brugière
Les auto-entrepreneurs du rap
Le travail et la vie d’artiste en marges des industries culturelles
du Croquant
Champ social
2018
Présentation de l'éditeur
Le rap – en particulier le rap indépendant – est généralement perçu
et se présente volontiers lui-même comme la chronique musicale de la vie
des « jeunes de cité », dénonçant le racisme et les injustices sociales
qu’ils subissent tout en exprimant leur désir de reconnaissance et
d’ascension sociale.
Basée sur une enquête de terrain réalisée à la fin des années 2000
auprès de rappeurs indépendants dans la région parisienne et lyonnaise,
centrée sur l’étude des trajectoires sociales et du travail artistique,
cette recherche présente les rappeurs sous les traits d’auto- ou de
petits entrepreneurs, évoluant en marge des industries culturelles. Ce
genre de carrière peut se comprendre comme une stratégie d’ascension
culturelle, voire économique, le plus souvent vouée à l’échec, mais
offrant des compensations symboliques à travers l’accès à la vie et à
l’identité d’artiste, à des jeunes des classes populaires ou moyennes
confrontés à leur déclassement. Plus diversifié socialement qu’on ne le
croit généralement, le monde du rap indépendant est aussi divisé entre
des pôles économique, professionnel et d’engagement, en fonction de la
plus ou moins grande distance des artistes par rapport aux industries
culturelles. Ce genre musical se présente ainsi comme un univers
révélateur des phénomènes de mobilité et de reproduction sociales. Il
permet ainsi de mettre en évidence l’articulation des dimensions
économiques et culturelles dans la production musicale.
Fabien Brugière, ancien élève de l’École normale supérieure de Paris,
est maître de conférence à l’université de Strasbourg (SAGE) et
chercheur associé au laboratoire CRESPPA-GTM.
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