« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


samedi 5 septembre 2009

Louis Pinto, Le café du commerce des penseurs. À propos de la doxa intellectuelle

Louis Pinto
Le café du commerce des penseurs
À propos de la doxa intellectuelle
Éditions du Croquant
savoir/agir
ISBN : 978-2-9149-6863-8


Résumé:
La doxa intellectuelle, ensemble de mots, d’expressions, de slogans, de questions et de débats dont les évidences partagées délimitent ce qui est donné à penser aux contemporains, et notamment au public « instruit », constitue l’obstacle majeur à un point de vue critique. Elle n’est pas conservatrice par accident : elle tend, en effet, à concilier les apparences de l’autonomie intellectuelle avec les valeurs et les attentes de ceux qui occupent des positions de pouvoir dans des univers aussi peu autonomes que ceux de la grande presse, de l’édition, de la politique et de l’entreprise. Quelles que soient les nuances affichées entre des versions de droite et de gauche, l’adversaire principal de la plupart des discours demeure la « vieille » gauche « étatiste » réputée soumise aux dogmes marxistes, autoritaires et centralistes de l’égalitarisme et au culte de l’État dit « providence » (plutôt que « social »). Sur ce fond relativement invariant, les différents producteurs de doxa, philosophes, sociologues, historiens, politologues, se distinguent par le travail de mise en forme intellectuelle qu’ils doivent accomplir pour se conformer aux exigences de leur univers d’appartenance.
Qu’en est-il de la genèse de la doxa intellectuelle ? Quelle est la géographie des principales régions où elle est produite et reproduite ? Quel en est le contenu politique ? Quels sont les thèmes et les schèmes de pensée qui lui confèrent les allures de la légitimité intellectuelle ? Telles sont les principales questions envisagées dans cette étude qui tient autant de la sociologie des intellectuels que de la sociologie politique.

L'auteur:
Louis Pinto, sociologue, directeur de recherche au CNRS, travaille sur différents domaines, la presse, les intellectuels, l’enseignement, la philosophie, le « mouvement consommateur ». Parmi ses livres récents : La théorie souveraine. Les philosophes français et la sociologie au xxe siècle, Cerf, 2009, Le collectif et l’individuel. Considérations durkheimiennes, Raisons d’agir Éditions, 2009, La vocation et le métier de philosophe. Pour une sociologie de la philosophie dans la France contemporaine, Seuil, 2007.

1 commentaire:

Slowphilo a dit…

je n'ai pas lu le livre, mais je peux témoigner qu'il est difficile voire vain de partager un point de vue critique sur la grande presse, l'université, l'Etat administratif et social ou le politique, avec quiconque membre d'une de ces institutions. On obéit à des mots d'ordres invisibles (de l'ordre de l'inhibition) quand on est reconnu professionnellement, financièrement et intellectuellement par l'université, l'Etat administratif et social ou le politique, et on se tait ou on dément.