Le surcoût du capital :
la rente contre l'activité
Laurent Cordonnier, Thomas Dallery
Vincent Duwicquet, Jordan Melmiès
et Franck Van de Velde
Septentrion
2015
Présentation de l'éditeur
Le concept de financiarisation fait référence au rôle croissant des
intermédiaires et des marchés financiers dans la transformation des
institutions, des comportements et des objectifs des acteurs économiques
(ménages, entreprises, institutions financières, État). Dans cet
ouvrage, nous montrons que la financiarisation, en promouvant une norme
de rentabilité accrue, a élevé significativement le coût du capital pour
les entreprises. L'emprise croissante de la finance sur l'entreprise
est appréhendée ici à travers la définition de la notion de "surcoût du
capital", notion à laquelle nous associons une mesure dont nous suivons
l'évolution des années 60 à nos jours. C'est au niveau du comportement
d'investissement et de marge des firmes que se situe le point
d'application directe du renforcement des exigences de rentabilité
financière. Les effets sur la croissance et l'emploi sont quant à eux de
deux ordres. L'augmentation du poids de la rente financière se traduit
d'abord par une augmentation de la part des revenus financiers a priori
défavorable à la consommation. Le principal effet dommageable de
l'emprise accrue de la finance sur l'entreprise est cependant constitué
par le ralentissement de l'accumulation du capital. Ce second "dégât
collatéral" est lui-même double: moins d'investissement c'est d'abord
moins de compétitivité et de croissance du pouvoir d'achat
(effet-production), mais c'est aussi moins d'emploi (effet-demande). La
période dite des "Trente piteuses" peut ainsi s'interpréter comme un
nouvel épisode de la lutte entre la propriété et l'activité qui a animé
toute l'histoire du capitalisme jusqu'à nos jours.
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