« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


jeudi 26 août 2021

Paul Pasquali, Héritocratie. Les élites, les grandes écoles et les mésaventures du mérite (1870-2020)

 

 
 
Paul Pasquali
Héritocratie
Les élites, les grandes écoles et les mésaventures du mérite 
(1870-2020)
La Découverte
L'envers des faits
2021
 

 
Présentation de l'éditeur
Pour relancer un « ascenseur social » interminablement en panne, les grandes écoles affichent depuis quelques années leur ouverture à la « diversité » et leur volonté de renouer avec la méritocratie qu’elles auraient incarnée par le passé. Certains les accusent au contraire d’instaurer des critères étrangers au mérite, quand d’autres dénoncent une volonté de sceller le sort des universités, reléguées à la gestion des flux étudiants. Mais, de la IIIe République à nos jours, les grandes écoles ont-elles jamais récompensé le mérite ?
En retraçant les controverses oubliées et les choix politiques qui ont garanti les prérogatives de ces établissements et ainsi légitimé un haut niveau de reproduction sociale, cette enquête sociohistorique montre que rien n’est moins sûr. Si l’évocation rituelle de figures emblématiques de boursiers entretient le mythe d’un âge d’or méritocratique, l’histoire de ces filières d’excellence révèle la pérennité d’un système héritocratique, grâce auquel des élites résolues à défendre leurs frontières et leurs intérêts parviennent à consacrer leur héritage comme un privilège mérité.
Replacée dans des rapports de force qu’occulte la croyance en l’égalité des chances, l’introuvable démocratisation des grandes écoles ne s’explique pas par un complot de caste, mais par une succession de luttes dont les élites en place sont régulièrement sorties victorieuses. Face aux perspectives de changement et aux projets de réforme, elles ont su se mobiliser pour restaurer l’ordre qui était sur le point de s’ébranler. Des lendemains de la Commune au Front populaire et à la Résistance, de la Libération à Mai 68 et aux années Mitterrand jusqu’à Parcoursup et la refonte de l’ENA, la continuité qui s’observe derrière les secousses éphémères et les évolutions structurelles ne relève donc pas d’une mécanique implacable – ni d’une fatalité politique.  

Paul Pasquali est sociologue, chargé de recherche au CNRS. Il a notamment publié, avec Gilles Laferté et Nicolas Renahy, Le Laboratoire des sciences sociales. Histoires d’enquêtes et revisites (Raisons d’agir, 2018) et, à La Découverte, Héritocratie. Les élites, les grandes écoles et les mésaventures du mérite (2021), ainsi que Passer les frontières sociales. Comment les « filières d’élite » entrouvrent leurs portes (rééd. La Découverte/Poche, 2021).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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