Anaïs Albert
La vie à crédit
La consommation des classes populaires à Paris
(années 1880-1920)
Éditions de la Sorbonne
Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles
2021
Présentation de l'éditeur
Préface de Christophe Charle
Dans le Paris de la Belle Époque, de plus en plus d'ouvriers, d’employés
et de petits fonctionnaires accèdent à la consommation. Les garde-robes
se diversifient, les intérieurs populaires se peuplent peu à peu de
meubles, comme la très convoitée armoire à glace, et la décoration
envahit le logement. Les plus aisés des ouvriers et des employés
arrivent même à acheter une bicyclette ou une machine à coudre. Cette
nouvelle culture matérielle émerge grâce au développement du crédit qui
donne accès financièrement à la consommation et de la publicité qui
donne envie d’acheter des biens nouveaux. Georges Dufayel, en pionnier
de cette révolution commerciale, a bâti un empire économique à la fin du
siècle. Ses magasins grandioses, installés boulevard Barbès, deviennent
les temples de la consommation populaire parisienne.
Ces objets et leurs usages témoignent également d’une culture populaire
spécifique, encore marquée par la vulnérabilité économique et le recours
à la débrouille. De la fréquentation du Mont-de-Piété à l’achat
d’objets d’occasion chez les brocanteurs, en allant parfois jusqu’au
vol, ces pratiques ressemblent bien souvent à des « consommations
transitoires », non sans le risque, aussi, de la saisie des biens et de
l’expulsion du logement. Touchant à l’histoire de la vie privée, des
échanges économiques ordinaires et de la culture matérielle, cet ouvrage
met en lumière à la fois les dominations multiples qui pèsent sur les
classes populaires et les petits arrangements, les micro-résistances,
qui traversent le peuple des choses et les choses du peuple.
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