Bourdieu / Foucault :
un rendez-vous mancato?
Convegno Internazionale – Napoli, 1-2 marzo 2016
Présentation des organisateurs
Pierre Bourdieu et Michel Foucault ont
été tous les deux considérés comme des penseurs “hérétiques” et ont
également enseigné au Collège de France. Cependant, leurs parcours se
sont toujours déroulés sur des binaires parallèles, sans jamais se
croiser véritablement, sauf à l’occasion de leur engagement pour
Solidarnosc. Il s’agit pour autant d’un rapport qu’on pourrait, en un
certain sens, qualifier du même titre de la pétition qu’ils signent
ensemble à cette époque : “Les rendez-vous manqués“. Si
Bourdieu, notamment après la mort de Foucault, n’a guère cessé de
basculer entre une incompréhension de sa perspective théorique et
politique et nombreuses attestations d’affinité soucieuses sans doute de
relancer un dialogue trop soudain interrompu, Foucault, de son côté,
quitte à lui reconnaître d’avoir été (avec Robert Castel et Jean-Claude
Passeron) un des héritiers de Georges Canguilhem dans le domaine de la
sociologie, lui a réservé un silence presque total, ce qui, même
aujourd’hui, continue à poser problème à maints chercheurs.
Pourtant, malgré l’étrangeté de leur
rapport personnel et la diversité des leurs perspectives, ces deux
penseurs ont déployé leurs réflexions à l’intérieur de champs de
problématisation théorique et historico-politique le plus souvent très
proches, sinon parfois communs: de l’importance accordée aux pratiques à
la imbrication du pouvoir et du discours ; du quadrillage et de la
classification à la question de la subjectivation ; de la conception de
l’intellectuel et de la critique à l’engagement dans des luttes
sociales. Il s’agit de questions et d’attitudes éthico-politiques et
scientifiques qui les rapprochent davantage que les critiques de l’un ou
le silence de l’autre ne les séparent. Même si, quelques rares
exceptions mises à part, le rapport de Foucault à la sociologie ainsi
que celui de Bourdieu à la philosophie ont fait souvent tous les deux
l’objet d’un même réductionnisme, dans ces dernières années, lorsque
l’édition des cours de Foucault au Collège de France se termine alors
que celle des cours de Bourdieu se poursuit assez régulièrement, ces
matériaux nous restituent une conscience plus aigue de l’héritage
complexe légué par ces deux figures majeures de la pensée critique du
XXe siècle. Cette situation invoque une responsabilité à la fois
scientifique et politique qui n’était encore possible mettre en avant
auparavant.
L’ambition de ce colloque est en ce sens
double, s’agissant, d’un côté, de pointer sur l’ouverture d’un espace
inédit de rapprochement entre Bourdieu et Foucault, et de l’autre, de
contribuer à son exploration à travers une mise en parallèle articulée
et critique de leurs pensées à partir d’une multiplicité d’angles
d’attaque qui traversent et débordent des champs de savoir encadrés par
des identités disciplinaires rigides ou des cadres méthodologiques figés
: de la question du rapport à l’État, le néolibéralisme et le “capital
humain” à l’éventuelle complémentarité entre l’analyse généalogique et
une sociologie de la classification ; de la reproduction à travers
l’enseignement à l’usage critique de la parole de Bourdieu et de
Foucault à l’intérieur de leurs discours dans le champ académique ;
d’une mise en parallèle des formes d’assujettissement de l’habitus et
de la discipline au rapprochement possible entre la généalogie
foucaldienne de la sexualité et les recherches sur la domination
masculine de Bourdieu ; de la problématisation du sujet de la critique à
la forme sociographique de l’engagement intellectuel et politique. Pour
réaliser cette tâche, la liste des intervenants à ce colloque se
compose de chercheurs qui se sont occupés aussi bien de Bourdieu que de
Foucault et qui sont donc en mesure de saisir autant les éléments d’une
complémentarité possible que les traces d’une différence peut-être
irréductible.
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