« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


vendredi 8 octobre 2010

Ioana Popa, Traduire sous contrainte Littérature et communisme (1947-1989)








Ioana Popa
Traduire sous contrainte
Littérature et communisme (1947-1989)

CNRS
21/10/2010





Présentation de l'éditeur
L’instauration des régimes communistes en Europe de l’Est entraîne une transformation radicale des conditions de publication et d’exercice du métier d’écrivain, due à l’étatisation, à la centralisation, au contrôle idéologique, à l’instauration d’une censure préventive et répressive. Subsiste-t-il alors un espace d’échange intellectuel entre l’Est et l’Ouest ? Comment des oeuvres produites dans des conditions de contrôle étroit de l’imprimé parviennent-elles à circuler au-delà des frontières et à être traduites ? Comment déjouer un faisceau de contraintes politiques, économiques, juridiques, matérielles et linguistiques ?

L’étude magistrale de Ioana Popa répond à ces questions à travers une analyse sociologique et historique des transferts littéraires en provenance de Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie et d’URSS vers la France de 1947 à 1989. Grâce à une approche originale et à un riche matériau empirique en grande partie inédit, elle permet de saisir par quels circuits les textes passent en traduction, retraçant les trajectoires de leurs auteurs et de leurs intermédiaires ainsi que leurs savoir-faire. De l’exportation éditoriale d’oeuvres engagées à la clandestinité littéraire, elle restitue des logiques de circulation qui relèvent aussi bien des États et des appareils partisans que des réseaux transnationaux structurés autour de l’exil ou d’organisations de combat « antitotalitaire ». Instrument de propagande extérieure mais aussi de contestation, l’écrit apporte, à travers la traduction, une notoriété qui protège les écrivains de la persécution qu’ils subissent dans leur pays. En restituant les enjeux politiques de ces transferts culturels, ce livre majeur montre que la littérature, à l’heure de la Guerre froide, était d’abord et surtout une arme de combat.


Ioana Popa est docteur de l’École des hautes études en sciences sociales et chargée de recherche au CNRS.

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