Présentation
et discussion des travaux de
Louis
Pinto
par
José-Luis Moreno Pestaña
En présence
de l’auteur
La Théorie souveraine
Les philosophes français et
la sociologie au XXe siècle
« La philosophie ne
voyage point », déplorait Jean-Jacques Rousseau. La découverte d’autres
cultures lui semblait procurer un indispensable dépaysement et une idée élargie
de l’humanité. Or, depuis l’époque des Lumières, les sciences de l’homme ont
connu un développement considérable que les philosophes en France n’ont pu
ignorer. La sociologie en particulier, issue avec Durkheim de la discipline
philosophique, n’a cessé d’être présente à leur esprit. Mais on ne peut
analyser le problème qu’elle a posé à la philosophie depuis plus d’un siècle
sans envisager ce que la pensée la plus théorique doit à des traditions, à des
hiérarchies intellectuelles, à des découpages disciplinaires. Quatre périodes
ont été étudiées ici, entre les années 1900 et les années 1970 : la
première, marquée par le débat sur le durkheimisme ; la deuxième, dominée
par la phénoménologie ; la troisième, placée sous l’emblème du
structuralisme ; et la dernière, sous l’emblème des rapports entre
politique et philosophie, savoir et pouvoir. Au lieu de recenser ou d’encenser,
comme on le fait trop souvent, les pensées d’auteurs prestigieux qui ne
manquent pas ici (Durkheim, Husserl, Sartre, Merleau-Ponty, Lévi-Strauss,
Foucault, Bourdieu, Deleuze, Derrida, etc.), Louis Pinto s’est donné une autre
tâche : celle de comprendre comment les stratégies des philosophes
commandées par leur position et leurs ressources dans le champ philosophique
ont favorisé l’invention d’instruments conceptuels, parmi lesquels
l’antinaturalisme et l’antiobjectivisme. On est ainsi conduit à voir tout autrement
les philosophes aussi bien que leurs discours.
La vocation et
le métier de philosophe. Pour une sociologie de la philosophie dans la France contemporaine
La sociologie, loin de réduire les pensées les plus
originales à des structures sociales impersonnelles, n'ignore ni la portée des
innovations ni la valeur des idées, mais envisage les philosophes pour ce
qu'ils sont : des hommes comme les autres, dotés d'intérêts et d'attentes
qui, bien que spécifiques, ne tombent pas du ciel des idées pures. La première
des tâches est de comprendre comment, en France, une doctrine pédagogique, un
apprentissage scolaire, des exercices comme la dissertation, un art oratoire
contribuent à structurer les esprits et à garantir le statut philosophique des
discours. Pour autant, la diversité croissante des manières d'être philosophe
dans la période contemporaine n'est pas un simple leurre : le penseur
original, le maître de khâgne, l'érudit, la vedette médiatique semblent
bénéficier d'un même titre de noblesse intellectuelle. Ce livre ne propose ni
panorama, ni manifeste, ni plaidoyer, mais des instruments d'analyse pour
comprendre l'obscur engendrement des idées et le pouvoir de séduction que
certaines d'entre elles semblent posséder. Alors que la philosophie est devenue
le lieu où s'affrontent plus que jamais des définitions sensiblement opposées
de ce qu'elle est et prétend être, la sociologie peut favoriser à sa manière ce
regard réflexif auquel les philosophes auraient mauvaise grâce à se soustraire
puisqu'ils sont les premiers à en revendiquer, sinon l'urgence, du moins les
mérites.
10 h 00 - 12 h 00
CNRS/site Pouchet, 59-61,
rue Pouchet, 75017 Paris
Métro ligne 13 (Guy Moquet/Brochant), Bus 66 (La Jonquière)
Contact : lirelessciencessociales@gmail.com
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