éditions du Croquant
2014
Présentation de l'éditeur
L’analyse des formes de domination est centrale en sociologie pour
comprendre ce qui fait tenir l’ordre social. De Marx, Durkheim, Weber en
passant par Foucault et Bourdieu, la domination constitue cette
relation sociale qui répartit et hiérarchise les groupes sociaux,
discrimine les forces sociales en structurant leur dissymétrie tout en
contribuant à l’acceptation de l’ordre existant. Savoir/agir a consacré
un premier dossier à cette question, sous le titre : « Comment les dominants dominent » (n° 19, mars 2012).
Des études récentes en ont cependant renouvelé la compréhension sous plusieurs dimensions : en insistant sur la diversité des modes de domination et leur variation historique et spatiale, en révélant les « ratés » du consentement ou son caractère de façade chez les groupes subalternes, en mettant en évidence le travail nécessaire aux dominants pour imposer et exercer leur domination …
L’actualité n’a sans doute pas été étrangère à cette inquiétude scientifique devant ce qui semble aller de soi : déstabilisation des politiques sociales s’accompagnant d’une montée des inégalités, de la précarisation et du chômage (plans sociaux à répétition, restrictions budgétaires), effondrement de régimes admis comme fondés dans la durée et sur l’assentiment ou l’apathie de leurs citoyens (écroulement de l’empire soviétique, « Printemps arabes », ébranlement des institutions européennes), surgissement de mobilisations perçues comme improbables voire impossibles (mouvements des « Indignés », Occupy Wall Street, grèves longues et dures dans des secteurs d’emploi peu syndiqués, luttes des « sans papiers », révolte de peuples insoumis aux décisions de leurs dirigeants politiques), multiplication de catastrophes révélant les incertitudes des savoirs et des expertises (Fukushima après Tchernobyl, épidémies et accidents sanitaires, crise financière).
Des pistes d’interrogation et d’investigation ont été ainsi rouvertes sur les relations entre les diverses figures de l’autorité – le pouvoir social, le pouvoir économique et le pouvoir politique – et leurs conditions de félicité ou de discordance. Subaltern studies, analyse du genre, étude sur le racisme et le post-colonialisme, retour « des classes sociales », par exemple, sont venus irriguer les questionnements et les enquêtes dans la plupart des sous-disciplines sociologiques. Si ces approches ont permis de remettre sur le métier sociologique bien des idées que l’on croyait acquises, elles ont également relancé l’effort de réflexivité sur « l’opération » sociologique que ce soit sous l’angle de la posture analytique à adopter, des méthodes à employer ou de l’écriture et du raisonnement à déployer. Ce faisant, elles ont aussi renforcé les échanges croisés avec les autres sciences sociales - histoire, science politique, géographie, ethnologie, économie.
Ce numéro vise ainsi à contribuer à susciter une réflexion collective sur les recompositions des différenciations et des frontières sociales qui mutualise non seulement les connaissances déjà produites sur ces processus, mais également les renouvellements épistémologiques en cours pour les saisir.
Des études récentes en ont cependant renouvelé la compréhension sous plusieurs dimensions : en insistant sur la diversité des modes de domination et leur variation historique et spatiale, en révélant les « ratés » du consentement ou son caractère de façade chez les groupes subalternes, en mettant en évidence le travail nécessaire aux dominants pour imposer et exercer leur domination …
L’actualité n’a sans doute pas été étrangère à cette inquiétude scientifique devant ce qui semble aller de soi : déstabilisation des politiques sociales s’accompagnant d’une montée des inégalités, de la précarisation et du chômage (plans sociaux à répétition, restrictions budgétaires), effondrement de régimes admis comme fondés dans la durée et sur l’assentiment ou l’apathie de leurs citoyens (écroulement de l’empire soviétique, « Printemps arabes », ébranlement des institutions européennes), surgissement de mobilisations perçues comme improbables voire impossibles (mouvements des « Indignés », Occupy Wall Street, grèves longues et dures dans des secteurs d’emploi peu syndiqués, luttes des « sans papiers », révolte de peuples insoumis aux décisions de leurs dirigeants politiques), multiplication de catastrophes révélant les incertitudes des savoirs et des expertises (Fukushima après Tchernobyl, épidémies et accidents sanitaires, crise financière).
Des pistes d’interrogation et d’investigation ont été ainsi rouvertes sur les relations entre les diverses figures de l’autorité – le pouvoir social, le pouvoir économique et le pouvoir politique – et leurs conditions de félicité ou de discordance. Subaltern studies, analyse du genre, étude sur le racisme et le post-colonialisme, retour « des classes sociales », par exemple, sont venus irriguer les questionnements et les enquêtes dans la plupart des sous-disciplines sociologiques. Si ces approches ont permis de remettre sur le métier sociologique bien des idées que l’on croyait acquises, elles ont également relancé l’effort de réflexivité sur « l’opération » sociologique que ce soit sous l’angle de la posture analytique à adopter, des méthodes à employer ou de l’écriture et du raisonnement à déployer. Ce faisant, elles ont aussi renforcé les échanges croisés avec les autres sciences sociales - histoire, science politique, géographie, ethnologie, économie.
Ce numéro vise ainsi à contribuer à susciter une réflexion collective sur les recompositions des différenciations et des frontières sociales qui mutualise non seulement les connaissances déjà produites sur ces processus, mais également les renouvellements épistémologiques en cours pour les saisir.
Sommaire
Editorial, par Frédéric LebaronDossier : Les dominations
Présentation, par Annie CollovaldComment retracer l’état de la cause des classes populaires dans le champ politique et dans le champ intellectuel des années 1960 ?, par Gérard Mauger
Stratégies de défense ou de résistance à la domination ? Le cas des assistantes maternelles, par Marie-Hélène Lechien
Au-delà du vote FN : quels rapports à la politique parmi les classes populaires périurbaines ? Par Violaine Girard
Domination autoritaire et circularité entre savoir et pouvoir : l’exemple de la RDA, par Jay Rowell (CNRS, UMR SAGE, Université de Strasbourg)
Dominer n’est pas jouer. Un docteur en droit dans les tranchées, par Nicolas Mariot
Analyser la domination masculine, ses ambivalences et ses coûts : intérêt et enjeux d’une étude en terrain sensible, par Christine Guionnet
Comment rester dominant ? Les classes supérieures face aux incertitudes de leur reproduction, par Wilfried Lignier
Ce que l’Europe coûte à la domination politique « ordinaire », par Marine de Lassalle
Grand entretien
Christian Topalov, chercheur et militant, propos recueillis par Louis Weber et Laurent WillemezParoles
« Une fermeture honorable » : entretien autour de l’arrêt de la production sur site des Papeteries de la Seine.Chronique de la gauche de gauche
Front de gauche : le temps des turbulences, par Louis WeberSocio-genèse du Front de gauche,
Articuler élections et résistance sociale, entretien avec Myriam Martin
La rhétorique réactionnaire
La résistible ascension du Front National, par Gérard MaugerEurope
Représenter les citoyens via les groupes d’intérêts : enjeux et lacunes d’un système communautaire routinisé, par Emmanuelle ReungoatChronique d’outre-Manche
De Blair à Valls : réflexions sur une dérive sécuritaire, par Keith DixonIdées
Mouvement familial et classes sociales, par Rémi LenoirABONNEMENT
(source: Savoir/agir)
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voir également:
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