« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


mardi 6 janvier 2015

écouter: Antoine Lilti, Figures publiques. L'invention de la célébrité (1750-1850)


écouter: Antoine Lilti, Figures publiques. L'invention de la célébrité (1750-1850)
Licences Politiques par Alexis Fournol, 20.12.2014

Antoine Lilti
Figures publiques
L'invention de la célébrité (1750-1850)
Fayard
2014

Présentation de l'éditeur
Bien avant le cinéma, la presse à scandale et la télévision, les mécanismes de la célébrité se sont développés dans l’Europe des Lumières, puis épanouis à l’époque romantique sur les deux rives de l’Atlantique. Des écrivains comme Voltaire, des comédiens comme Garrick, des musiciens comme Liszt furent de véritables célébrités, suscitant la curiosité et l’attachement passionné de leurs « fans ». À Paris comme à Londres, puis à Berlin et New York, l’essor de la presse, les nouvelles techniques publicitaires et la commercialisation des loisirs entraînèrent une profonde transformation de la visibilité des personnes célèbres. On pouvait désormais acheter le portrait de chanteurs d’opéra et la biographie de courtisanes, dont les vies privées devenaient un spectacle public. La politique ne resta pas à l’écart de ce bouleversement culturel : Marie-Antoinette comme George Washington ou Napoléon furent les témoins d’un monde politique transformé par les nouvelles exigences de la célébrité. Lorsque le peuple surgit sur la scène révolutionnaire, il ne suffit plus d’être légitime, il importe désormais d’être populaire.
À travers cette histoire de la célébrité, Antoine Lilti retrace les profondes mutations de la société des Lumières et révèle les ambivalences de l’espace public. La trajectoire de Jean-Jacques Rousseau en témoigne de façon exemplaire. Écrivain célèbre et adulé, celui-ci finit pourtant par maudire les effets de sa « funeste célébrité », miné par le sentiment d’être devenu une figure publique que chacun pouvait façonner à sa guise. À la fois désirée et dénoncée, la célébrité apparaît comme la forme moderne du prestige personnel, adaptée aux sociétés démocratiques et médiatiques, comme la gloire était celle des sociétés aristocratiques. C’est pourtant une grandeur toujours contestée, dont l’histoire éclaire les contradictions de notre modernité.
Antoine Lilti est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Ses travaux portent sur l’histoire sociale et culturelle des Lumières. Il a notamment publié Le Monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au xviiie siècle (Fayard, 2005).


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