« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


mardi 19 novembre 2019

Pierre Bourdieu, à propos des sous-philosophes et de l'intellectuel négatif





Pierre Bourdieu, à propos des sous-philosophes et de l'intellectuel négatif






(Cette liste de publications sera mise à jour au fur et à mesure, Gilbert Quélennec)
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------




à propos des sous-philosophes (Alain Finkielkraut, etc.)

"Le problème que je pose en permanence est celui de savoir comment faire entrer dans le débat public cette communauté de savants qui a des choses à dire sur la question arabe, sur les banlieues, le foulard islamique... Car qui parle (dans les médias) ?
Ce sont des sous-philosophes qui ont pour toute compétence de vagues lectures ! de vagues textes, des gens comme Alain Finkielkraut. J'appelle ça les pauvres Blancs de la culture. Ce sont de demi-savants pas très cultivés qui se font les défenseurs d'une culture qu'ils n'ont pas, pour marquer la différence d'avec ceux qui l'ont encore moins qu'eux. Ces gens-là s'approprient l'espace public et en chassent ceux qui ont des choses à dire." extrait de Pierre Bourdieu, Les intellectuels ont mal à l’Europe, entretien avec Michel Audémat, L’Hebdo, 14 novembre 1991, aussi dans Interventions 1961-2001, Agone, 2002, p. 233.



à propos de l'intellectuel négatif (Bernard-Henri Lévy)

"Deux articles écrits au terme d'un voyage sous escorte, programmé, balisé, surveillé par les autorités ou l'armée algériennes, qui seront publiés dans le plus grand quotidien français, quoique bourrés de platitudes et d'erreurs et tout entiers orientés vers une conclusion simpliste, bien faite pour donner satisfaction à l'apitoiement superficiel et à la haine raciste, maquillée en indignation humaniste. Un meeting unanimiste regroupant tout le gratin de l'intelligentsia médiatique et des hommes politiques allant du libéral intégriste à l'écologiste opportuniste en passant par la passionaria des « éradicateurs ». Une émission de télévision parfaitement unilatérale sous des apparences de neutralité. Et le tour est joué. Le compteur est remis à zéro. L'intellectuel négatif a rempli sa mission : qui voudra se dire solidaire des égorgeurs, des violeurs et des assassins, — surtout quand il s'agit de gens que l'on désigne, sans autre attendu historique, comme des « fous de l'islam », enveloppés sous le nom honni d'islamisme, condensé de tous les fanatismes orientaux, bien fait pour donner au mépris raciste l'alibi indiscutable de la légitimité éthique et laïque ?
Pour poser le problème en des termes aussi caricaturaux, il n'est pas besoin d'être un grand intellectuel. C'est pourtant ce qui vaut au responsable de cette opération de basse police symbolique, antithèse absolue de tout ce qui définit l'intellectuel, la liberté à l'égard des pouvoirs, la critique des idées reçues, la démolition des alternatives simplistes la restitution de la complexité des problèmes, d'être consacré par les journalistes comme intellectuel de plein exercice." extrait de L'intellectuel négatif, janvier 1998, aussi in Liber, Revue internationale des livres, N°34, mars 1998, P.15, aussi in Contre-Feux, Raisons d'Agir, 1998, pp.105-107




---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

voir également: 

Sollers tel quel, Libération, 27/01/1995, aussi in Liber, Revue internationale des livres, 21-22, mars 1995, P.40, aussi in Contre-feux, Raisons d'agir, 1998, p.18-20

Publications de Pierre Bourdieu: Sur les médias (sociologie - champ journalistique - le sondage, une "science" sans savant - les "intellectuels médiatiques" sont une parodie)
 



Aucun commentaire: