Frédérique Matonti
Comment sommes-nous devenus réacs ?
Fayard
2021
Présentation de l'éditeur
Aucune digue n’empêche plus aujourd’hui les représentants de l’extrême
droite, voire de l’ultra-droite, d’intervenir dans les médias sous
couvert d’objectivité et de respect de la pluralité politique. Certains
offrent même une tribune de choix aux plus fervents réacs. Lesquels y
dénoncent pêle-mêle l’islamo-gauchisme, le wokisme, la cancel culture («
on ne peut plus rien dire »), l’immigration incontrôlée ; à l’inverse,
les tentatives d’expliquer sociologiquement un événement ou un
comportement sont fréquemment assimilées à la « culture de l’excuse » et
par là même dévaluées. Il n’en a pas toujours été ainsi.
L’omniprésence
de ces discours est un symptôme de la modification plus générale des
débats publics et des nombreuses batailles culturelles (à commencer par
la lutte contre le racisme) que la gauche a perdues. Si l’on reprend
toute la chaîne qui conduit de la production jusqu’à la diffusion des
idées, les équilibres se sont considérablement modifiés depuis les
années 1970. Des nouvelles règles du monde intellectuel à la
concentration de l’édition et des médias, en passant par la
transformation des partis politiques, tout est fait pour que les fast thinkers et les experts auto-proclamés triomphent et portent haut la voix de la réaction. Jusqu’à quand ?
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