« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


samedi 10 mai 2014

Statactivisme. Comment lutter avec des nombres (Sous la direction de: Isabelle Bruno, Emmanuel Didier, Julien Prévieux)


Statactivisme
Comment lutter avec des nombres
Sous la direction de:
Isabelle Bruno
Emmanuel Didier
Julien Prévieux
Zones
2014

Présentation de l'éditeur
Les statistiques nous gouvernent. Argument d'autorité au service des managers, elles mettent en nombres le réel et maquillent des choix qui sont, en fait, politiques. Le parti pris de ce livre, qui rassemble les contributions de sociologues, d'artistes et de militants, procède du judo : prolonger le mouvement de l'adversaire afin de détourner sa force et la lui renvoyer en pleine face, faire de la statistique une arme critique. L'histoire de cette forme de contestation dont Luc Boltanski indique qu'elle permet de formuler des « critiques réformistes » passe d'abord par un retour sur la longue controverse sur l'indice des prix en France, présentée par Alain Desrosières.
La deuxième partie du livre s'intéresse à la façon dont on ruse, individuellement et souvent secrètement, avec les règles. L'association Pénombre, composée de statisticiens critiques, y présente une fausse interview du brigadier Yvon Dérouillé, qui explique, face caméra, comment tripatouiller les statistiques de la délinquance. Mais les statistiques peuvent aussi servir à faire exister politiquement, en les rendant visibles, des catégories sociales discriminées. Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires, montre comment Victor Schoelcher, au XIXe siècle, mobilisait déjà des arguments quantitatifs pour la défense des droits des Noirs.
Une dernière stratégie statactiviste consiste à bâtir des indicateurs alternatifs, tels que le « BIP 40 », qui met en rapport les bénéfices dégagés par l'envolée des cours boursiers et le creusement des inégalités sociales.
Ces quatre démarches sont illustrées, avec humour ou sérieux, en texte ou en image, par les contributeurs de cet ouvrage, pour qui « un autre nombre est possible » : ce qu'une logique hégémonique de quantification a instauré, une pratique statactiviste avertie peut chercher à le défaire.
Isabelle Bruno est maître de conférences à l’université Lille-II, chercheuse au Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales (CERAPS). Elle est l’auteur de À vos marques®, prêts… cherchez ! La stratégie européenne de Lisbonne, vers un marché de la recherche, Éditions du Croquant, 2008. 
Emmanuel Didier est chargé de recherche au CNRS (directeur adjoint d'EpiDoPo, CNRS/UCLA). Il est l'auteur de En quoi consiste l’Amérique ? Les statistiques, le New Deal et la démocratie, Paris, La Découverte, 2009. 
Julien Prévieux, artiste, né en 1974. Diplômé de l’Ecole supérieure d’Art de Grenoble et de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, est également titulaire d’une maîtrise de biologie.

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