La suite dans les idées, 18.02.2012
Présentation de l'éditeur
Au tournant des XIXe et XXe siècles, on
observe tour à tour le développement du roman policier, dont le cœur est
l'enquête, et du roman d'espionnage, qui a pour sujet le complot ;
l'invention, par la psychiatrie, de la paranoïa, dont l'un des symptômes
est la tendance à entreprendre des enquêtes prolongées jusqu'au délire ;
la création par la sociologie de formes spécifiques de causalité –
dites sociales –, pour déterminer les entités, individuelles ou
collectives, auxquelles peuvent être attribués les événements qui
ponctuent la vie des personnes, celle des groupes, ou encore le cours de
l'histoire ; enfin, l'orientation nouvelle de la science politique qui,
se saisissant de la problématique de la paranoïa, la déplace du plan
psychique au plan social et prend pour objet l'explication des
événemenst historiques par les «théories du complot».
Dans chacun de ces cas, la réalité sociale est mise en doute. C'est à l'État-nation, tel qu'il se développe à la fin du XIXe siècle, que l'on doit le projet d'organiser et d'unifier cette réalité pour une population et sur un territoire. Mais ce projet, proprement démiurgiques, se heurte à une pluralité d'obstacles parmi lesquels les développements du capitalisme, qui se joue des frontières nationales, occupe une place centrale.
Ainsi, la figure du complot focalise des soupçons qui concernent l'exercice du pouvoir : où se trouve réellement le pouvoir et qui le détient, en réalité? Les autorités étatiques, qui sont censées en assumer la charge, ou d'autres instances, agissant dans l'ombre – banquiers, anarchistes, sociétés secrètes, classe dominante, etc.? Ainsi s'échafaudent des ontologies politiques qui tablent sur une réalité doublement distribuée : à une réalité officielle, mais de surface et sans doute illusoire, s'oppose une réalité profonde, cachée, menaçante, officieuse, mais bien plus réelle. Roman policier et roman d'espionnage, paranoïa et sociologie – inventions à peu près concomittantes – sont solidaires d'une façon nouvelle de problématiser la réalité et de travailler les contradictions qui l'habitent. Les aventures du conflit entre ces deux réalités – réalité de surface contre réalité réelle – constituent le fil directeur de l'ouvrage.
Dans chacun de ces cas, la réalité sociale est mise en doute. C'est à l'État-nation, tel qu'il se développe à la fin du XIXe siècle, que l'on doit le projet d'organiser et d'unifier cette réalité pour une population et sur un territoire. Mais ce projet, proprement démiurgiques, se heurte à une pluralité d'obstacles parmi lesquels les développements du capitalisme, qui se joue des frontières nationales, occupe une place centrale.
Ainsi, la figure du complot focalise des soupçons qui concernent l'exercice du pouvoir : où se trouve réellement le pouvoir et qui le détient, en réalité? Les autorités étatiques, qui sont censées en assumer la charge, ou d'autres instances, agissant dans l'ombre – banquiers, anarchistes, sociétés secrètes, classe dominante, etc.? Ainsi s'échafaudent des ontologies politiques qui tablent sur une réalité doublement distribuée : à une réalité officielle, mais de surface et sans doute illusoire, s'oppose une réalité profonde, cachée, menaçante, officieuse, mais bien plus réelle. Roman policier et roman d'espionnage, paranoïa et sociologie – inventions à peu près concomittantes – sont solidaires d'une façon nouvelle de problématiser la réalité et de travailler les contradictions qui l'habitent. Les aventures du conflit entre ces deux réalités – réalité de surface contre réalité réelle – constituent le fil directeur de l'ouvrage.
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