extrait de Pierre Bourdieu, D'abord défendre les intellectuels, propos recueillis par Didier Eribon, Le nouvel observateur, «Les grandes causes, ça existe encore ? », 12-18 septembre 1986"Les « grandes causes » s'opposent aux petites foutaises quotidiennes sur lesquelles s'excite le monde politique. Les hommes politiques, par souci de leur propre perpétuation, en sont venus à faire profession de ne rien dire sur leurs projets et leurs programmes pour garder intacte leur image. En fait, il faudrait les obliger—et là les journalistes pourraient avoir un rôle décisif — à entrer dans les grands débats (ne serait-ce que pour qu'on puisse découvrir que leur silence masque le plus souvent l'absence totale de programme). Par, exemple, sur tous les problèmes qui sont de la compétence des intellectuels : je pense à tout ce qui concerne la science et la recherche, la culture et l'éducation. Ou sur le problème de l'immigration, sans doute un des plus difficiles et des plus urgents de notre époque. Mais il y a aussi toute la dimension politique, au sens le plus élevé, c'est-à-dire philosophique, des problèmes économiques, comme les problèmes de solidarité, qu'il faut repenser de fond en comble, ce qui n'a pas été fait clairement depuis le XVIIIe siècle. Les problèmes posés par le chômage, surtout le chômage des jeunes, par la Sécurité sociale, par les rapports entre les jeunes et les vieux.., demandent une réflexion globale sur-tout l'art de vivre, l'art de vivre en société."
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voir également:
en ligne: Pierre Bourdieu, entretiens avec Didier Eribon
Pierre Bourdieu: un Intellectuel global
Pierre Bourdieu, la mise en oeuvre de l'intellectuel collectif international
Pierre Bourdieu, à propos de l'intellectuel collectif
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