National-bolchevisme et néo-eurasisme dans la Russie contemporaine
La carrière militante d’une idéologie
Préface de Frédérique Matonti
Mare & Martin
2013
Présentation de l'éditeur
Si le champ politique russe étonne et fascine, c’est entre autres parce
qu’il donne à voir des idéologies exotiques et des mouvements
politiques radicaux sans équivalent immédiat en Occident. Dans le
sillage de l’histoire sociale des idées politiques, retracer la carrière
militante des théories national-bolchevique et néo-eurasiste dans la
Russie contemporaine implique de s’intéresser à la genèse des nouveaux
clivages au moment de l’effondrement de l’URSS, puis à leur
transformation sous la présidence de Boris Eltsine et de Vladimir
Poutine.
C’est à la faveur de la crise qui entoure 1991 – dans laquelle se
trouve reconfiguré l’ensemble des positions et des discours
idéologiques, notamment nationalistes – que des acteurs aussi atypiques
que le philosophe autodidacte Alexandre Dugin et l’écrivain sulfureux
Édouard Limonov ont pu devenir des figures politiques, promoteurs d’une
doctrine patriotique radicale et hétérodoxe.
Le jeu de leurs trajectoires croisées dans un contexte d’allégeances
fluctuantes explique alors que ces idées se retrouvent, dans les années
2000, mobilisées par deux groupuscules militants – le Parti national
bolchevique (NBP) et l’Union eurasiste de la jeunesse (ESM) – au service
de deux objectifs contraires : l’opposition et le soutien au pouvoir en
place. On suit ainsi sur cet exemple la façon dont se dessinent, dans
l’interaction entre destins individuels et changements historiques, les
frontières du possible en politique.
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