Actes de la recherche en sciences sociales, nº 208: Le poids des corps
Seuil, 2015
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Numéro coordonné par José Luis Moreno Pestaña
Présentation de l'éditeur
Le poids des
corps inquiète. Parfois, ce sont des mannequins dont l’extrême maigreur
suscite l’indignation. Plus souvent, c’est l’obésité que l’on présente
comme une « épidémie » et à laquelle on associe nombre de pathologies
(entre autres cardiovasculaires).
Ce numéro d’Actes de la recherche en sciences sociales
soumet à la critique sociologique l’obsession de l’équilibre pondéral
et l’injonction au corps fin et musclé. Dans des sociétés où l’image que
l’on renvoie de soi dépend pour une large part d’attributs corporels,
le poids mobilise médecins, nutritionnistes, journalistes et essayistes.
Il fait l’objet de politiques publiques de la part des États et des
organisations internationales. L’idéologie de la minceur règne. Elle
provoque haine de soi et des autres. Elle discrimine à l’école ou au
travail. Entre désir de conformité à la « normalité » et crainte du
regard des autres, beaucoup vivent leur différence avec un sentiment de
culpabilité. Pourtant, la sociologie montre que les corps ne sont pas
neutres socialement. Les dénonciateurs de l’embonpoint visent plus
particulièrement les femmes et les classes populaires. Inversement, ils
promeuvent un corps qui suppose des soins, une alimentation et un
entretien que tout le monde ne peut s’offrir. Véritables marqueurs
sociaux, les corps échappent en partie au contrôle des volontés
individuelles. Ils enregistrent l’inégale distribution des ressources
économiques et culturelles et contribuent ainsi au maintien de l’ordre
social en stigmatisant ceux que l’on rend coupables de ne pas se
soumettre à la norme dominante.
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