Jean-Matthias Fleury
Forces et dispositions
L'ontologie dynamiste de Leibniz à l’épreuve des débats contemporains
Collège de France
Philosophie de la connaissance
2017
Il peut sembler à première vue surprenant de
rechercher chez un auteur disparu il y a trois siècles des précisions ou
des distinctions pertinentes pour clarifier les enjeux et les
formulations des discussions contemporaines portant sur la notion de
disposition. Qu’il s’agisse des concepts, des méthodes ou de l'état des
connaissances, nous sommes en effet plutôt enclins à voir dans l’univers
que décrit la philosophie leibnizienne un ensemble de conceptions
relativement étrangères aux questions d’interprétation soulevées par la
réalité physique en général et par les pouvoirs qui s’y manifestent en
particulier.
En quel sens le recours à une métaphysique
teintée de considérations théologiques et ancrée dans des débats liés à
la naissance du Mécanisme largement tranchés aujourd’hui peut-il nous
être de quelque utilité ?
Le but de cette étude consiste à montrer que,
contrairement aux apparences, il est possible de trouver chez cet acteur
de la naissance des sciences modernes un certain nombre de pistes
relatives à la manière dont nous devons définir les pouvoirs auxquels se
trouve confrontée la science, ainsi que ceux qui nous entourent au
quotidien. Il consiste à montrer que les difficultés d’interprétation
auxquelles donne lieu aujourd’hui la notion de disposition tiennent
peut-être à la manière dont nous concevons aujourd’hui la notion de
puissance et aux définitions que nous établissons à partir de ces
conceptions.
En proposant une confrontation des arguments
portant sur les problèmes sémantiques, épistémologiques et ontologiques
soulevés par les dispositions aujourd’hui, avec les analyses proposées
en son temps par Leibniz de la notion de force, il nous a paru possible
de retrouver chez lui des enjeux conceptuels et des stratégies de
réponses qui peuvent contribuer à clarifier le débat contemporain.
Réciproquement, les formulations contemporaines de ces enjeux
philosophiques nous ont semblé permettre une lecture féconde de la
philosophie leibnizienne en la soumettant à l'épreuve de questions qui ne
s'y trouvent pas formulées de manière explicite, et obligent parfois à
reformuler et à évaluer la pertinence mais aussi les limites éventuelles
de ses propres options philosophiques. Ce mouvement d'aller-retour,
loin de se réduire à une confusion anachronique, nous a donc semblé
susceptible de mettre utilement en perspective à la fois les positions
discutées aujourd'hui et celles de Leibniz.
Ce livre est issu d'une thèse thèse soutenue le
20 mars 2009 à l'université Paris IV-Sorbonne. Les membres du jury
étaient : Jacques Bouveresse (Collège de France), Pascal Engel
(directeur de thèse, Paris IV), Richard Glauser (Neuchâtel),
Jean-Baptiste Rauzy (Aix-en-Provence) et Claudine Tiercelin (Paris XII).
Elle a obtenu la mention très honorable et les félicitations du jury.
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