Subjectivité et vérité
Cours au Collège de France (1980-1981)
Ehess/Gallimard/Seuil
2014
Présentation de l'éditeur
« L’hypothèse de
travail est celle-ci : il est vrai que la sexualité comme expérience
n’est évidemment pas indépendante des codes et du système des interdits,
mais il faut rappeler aussitôt que ces codes sont étonnamment stables,
continus, lents à se mouvoir. Il faut rappeler aussi que la façon dont
ils sont observés ou transgressés semble elle aussi très stable et très
répétitive. En revanche le point de mobilité historique, ce qui sans
doute change le plus souvent, ce qui a été le plus fragile, ce sont les
modalités de l’expérience. »
Michel Foucault
Foucault
prononce en 1981 un cours qui marque une inflexion décisive dans son
chemin de pensée et le projet ébauché dès 1976 d’une Histoire de la sexualité.
C’est le moment où les arts de vivre deviennent le foyer de sens à
partir duquel pourra se déployer une pensée neuve de la subjectivité.
C’est le moment aussi où Foucault problématise une conception de
l’éthique comprise comme l’élaboration patiente d’un rapport de soi à
soi. L’étude de l’expérience sexuelle des Anciens permet ces nouveaux
déploiements conceptuels. Dans ce cadre, Foucault analyse des écrits
médicaux, des traités sur le mariage, la philosophie de l’amour ou la
valeur pronostique des rêves érotiques, afin d’y retrouver le témoignage
d’une structuration du sujet dans son rapport aux plaisirs (aphrodisia)
antérieure à la construction moderne d’une science de la sexualité,
antérieure à la hantise chrétienne de la chair. L’enjeu est en effet
d’établir que l’imposition d’une herméneutique patiente et interminable
du désir constitue l’invention du christianisme. Mais pour cela, il
importait de ressaisir la spécificité irréductible des techniques de soi
antiques.
Dans cette série de leçons, qui annoncent clairement L’Usage des plaisirs et Le Souci de soi,
Foucault interroge particulièrement le primat grec de l’opposition
actif / passif sur les distinctions de genre, ainsi que l’élaboration
par le stoïcisme impérial d’un modèle de lien conjugal prônant une
fidélité sans faille, un partage des sentiments, et conduisant à la
disqualification de l’homosexualité.
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