La ville
La Découverte
2014
Présentation de l'éditeur
édition critique française établie par Yves Sintomer, traduction française par Aurélien Berlan
Comment définir la notion de ville, ou plutôt, comment rendre
justice de la diversité du phénomène urbain sans renoncer pour autant à
l'ambition conceptuelle ? Pour quelles raisons, en Occident seulement,
les citadins se sont-ils parfois constitués en « citoyens » de leur
ville, prenant l'administration de leurs affaires en main propre ? Et
par quels curieux détours historiques cette figure typiquement
occidentale du « citoyen » a-t-elle paradoxalement engendré celle du «
bourgeois » moderne, de l'Homo oeconomicus consacrant sa vie au gain pacifique plus qu'aux affaires publiques ?
C'est à ces questions toujours actuelles que Max Weber tente de répondre
dans cette vaste fresque sociohistorique publiée ici dans une nouvelle
et rigoureuse traduction. Dix ans après L'Éthique protestante,
il y examine comment s'est constituée la couche sociale de travailleurs
libres sans laquelle le développement d'une éthique du travail,
condition sine qua non du capitalisme moderne, eût été impossible. Il y
analyse aussi les luttes sociales qui ont peu à peu fait passer le
pouvoir politique, traditionnellement aux mains des élites militaires,
dans celles de nouvelles élites économiques - des luttes qui, dans les
villes, opposaient plus des « ordres » que des « classes » et
présupposaient la fraternisation insurrectionnelle des bourgeois en «
communes » autonomes. Ce faisant, il propose une généalogie du bourgeois
moderne, vecteur social et corrélat anthropologique des deux puissances
déterminantes de la modernité globale : le capitalisme d'entreprise et
l'État bureaucratique.
Max Weber, principal fondateur de la sociologie
allemande, fait l'objet d'une redécouverte en France depuis quelques
années, comme l'attestent les traductions récentes ou annoncées d'œuvres
du sociologue allemand (Sociologie des religions, Gallimard, 1996), ainsi que les travaux qui lui sont consacrés (Pierre Bouretz, Les promesses du monde, la philosophie de Max Weber, Gallimard, 1996). Il est notamment l'auteur de L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme.
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