Abderrahmane Rachik
La société contre l’état
Mouvements sociaux et stratégie de la rue au Maroc
La Croisée des Chemins
Essais
2016
Présentation de l'éditeur
L’analyse
des mouvements sociaux permet d’examiner le processus du changement
social et la nature de la relation qui lie l’Etat au citoyen. Après
l’explosion des différentes émeutes au Maroc (1981, 1984 et 1990), la
conquête pacifique de l’espace public urbain devient subitement un enjeu
politique de taille.
Depuis, la politique ne se déroule plus seulement dans les
sphères conventionnelles. Elle se fait également dans la rue. Face à
l’augmentation des mouvements sociaux protestataires, le pouvoir
politique hésite, tolère, autorise, dialogue, mais interdit également
avec violence des marches et des sit-in non autorisés.
En 2005, les actions collectives des différents mouvements
sociaux dans l’espace public (sit-in, manifestation, marche, etc.) se
sont traduites en 700 protestations, soit une moyenne de deux sit-in par
jour. Ce chiffre passe de 5.000 actions en 2008 à 6.438 en 2009 pour
atteindre 8.600 en 2010 et plus de 18.000 actuellement, soit 50
protestations collectives par jour. Sous le gouvernement mené par le
PJD, le nombre de protestations a été multiplié par 26 par rapport à
l’année 2005.
En cherchant l’intégration sociale et spatiale d’une
population fragile, les politiques publiques engagées provoquent des
effets pervers. Elles ont pour conséquence de nourrir l’espoir et
multiplier les attentes sociales, et les revendications collectives.
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