Le
mouvement des Gilets jaunes, d’abord éloigné des syndicats, est un
révélateur inattendu de leurs difficultés. Englués dans le « dialogue
social », incapables de faire plier les gouvernements successifs, pris
dans des enjeux de rivalités internes, ils peinent à élargir leur base
sociale et à peser sur les mobilisations.
Depuis près de trente ans une organisation, les SUD, devenus Solidaires,
développe pourtant des pratiques plus horizontales et démocratiques et
affirme le retour d’un syndicalisme de contestation. Elle rencontre
toutefois des obstacles imprévus : comment avoir du poids institutionnel
sans s’institutionnaliser ? Comment réussir à servir davantage les
intérêts immédiats des salariés sans devenir des professionnels du
syndicalisme et en rabattre sur la radicalité du combat ?
Pour éclairer ces transformations profondes, ce livre s’appuie sur une
enquête sociologique au long cours qui retrace l’enthousiasme et
l’âpreté de parcours militants en les resituant dans les grands
mouvements sociaux des vingt dernières années. Au-delà du cas de
Solidaires, il témoigne de la capacité des organisations syndicales,
confrontées à un monde du travail de plus en plus fragmenté et dérégulé,
à rendre aux conflits salariaux un rôle moteur et œuvrer ainsi à des
revendications plus larges d’émancipation et de transformation
politique.
Sophie Béroud a publié, en collaboration avec Baptiste Giraud et Karel Yon, Sociologie politique du syndicalisme, Armand Colin (2018).
Martin Thibault a également publié aux éditions Raisons d’agir Ouvriers malgré tout. Enquête sur les ateliers de maintenance des trains de la Régie autonome des transports parisiens (2013).
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