Vincent Gayon
Épistémocratie
Enquête sur le gouvernement international du capitalisme
Raisons d'agir
Microcosmes
2022
Présentation de l'éditeur
Depuis les années 1990 et les manifestations de Seattle et de Gènes, les
organisations économiques internationales ont été mises en cause par
les mouvements altermondialistes comme des citadelles du néolibéralisme.
Elles ont aussi été prises à partie, plus récemment, par de nombreux
gouvernements, l'administration Trump en tête. Mais que sait-on de leur
fonctionnement réel ? Leurs sigles abscons - FMI, OCDE, PNUD, OMS, OMC,
BM, BRI, BCE, G7, G20, etc. - et la technicité supposée de leur
expertise tiennent à distance le profane ou le militant. Leur
composition et leur action ordinaires n'attirent guère l'attention
journalistique et citoyenne, ni celle des chercheurs. Et les
gouvernements ont tout à gagner à les faire paraître homogènes, coupées
des réalités, extérieures à eux, indépendantes. L'enquête sociologique
présentée dans ce livre propose au contraire d'entrer de plain-pied dans
ces espaces internationaux.
L'on y suit alors des initiatives
bureaucratiques oubliées, en faveur d'un Etat social au coeur de la
crise économique des années 1970, autant que des protagonistes bien
connus de la mondialisation néolibérale (Hans Tietmeyer, Alan Greenspan,
Milton Friedman, Martin Feldstein, Alfred Müller-Armack, Paul Volcker,
la Société du Mont-Pèlerin ou le groupe de Bilderberg, entre autres).
L'on y étudie comment se structurent les relations transgouvernementales
à bonne distance des débats publics, en montrant par exemple comment
les "mains gauches" (social et écologique) et les "mains droites"
(économique et financière) des Etats s'y livrent des batailles
politiques et scientifiques à la fois.
L'image lénifiante de la
"coopération économique" en sort dissipée, de même que celle qui place
ces institutions dans un olympe savant hors-sol. L'enquête donne à voir
ces espaces hautement confinés et interroge l'institution de cette
figure politique non élue, qui fait bon ménage avec le capitalisme, et
que l'on peut dénommer : l'épistémocratie internationale.
Vincent Gayon est maître de conférences en science politique à
l'université Paris Dauphine. Il y coordonne le groupe et le carnet de
recherche Hypothèse "Sociologie politique de l'économie" qui met en
dialogue la sociologie, l'économie et la science politique. Il propose
depuis son travail doctoral, dont cet ouvrage est le prolongement et la
systématisation, une sociologie de l'expertise économique
internationale, en prenant l'Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) comme point d'entrée dans l'analyse des
relations politiques, bureaucratiques et savantes internationales.
Ses
travaux ont fait l'objet de nombreuses publications reconnues,
notamment dans les Actes de la recherche en sciences sociales, Annales,
Cultures & Conflits, Critique internationale, Genèses, Politix ou la
Revue française de science politique. Il sera invité en 2022-2023 à
l'Institute for Advanced Studies de Princeton.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire