« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


dimanche 16 octobre 2022

Vincent Gayon, Épistémocratie. Enquête sur le gouvernement international du capitalisme

 


Vincent Gayon

Épistémocratie

Enquête sur le gouvernement international du capitalisme

Raisons d'agir

Microcosmes

2022


Présentation de l'éditeur

Depuis les années 1990 et les manifestations de Seattle et de Gènes, les organisations économiques internationales ont été mises en cause par les mouvements altermondialistes comme des citadelles du néolibéralisme. Elles ont aussi été prises à partie, plus récemment, par de nombreux gouvernements, l'administration Trump en tête. Mais que sait-on de leur fonctionnement réel ? Leurs sigles abscons - FMI, OCDE, PNUD, OMS, OMC, BM, BRI, BCE, G7, G20, etc. - et la technicité supposée de leur expertise tiennent à distance le profane ou le militant. Leur composition et leur action ordinaires n'attirent guère l'attention journalistique et citoyenne, ni celle des chercheurs. Et les gouvernements ont tout à gagner à les faire paraître homogènes, coupées des réalités, extérieures à eux, indépendantes. L'enquête sociologique présentée dans ce livre propose au contraire d'entrer de plain-pied dans ces espaces internationaux.
L'on y suit alors des initiatives bureaucratiques oubliées, en faveur d'un Etat social au coeur de la crise économique des années 1970, autant que des protagonistes bien connus de la mondialisation néolibérale (Hans Tietmeyer, Alan Greenspan, Milton Friedman, Martin Feldstein, Alfred Müller-Armack, Paul Volcker, la Société du Mont-Pèlerin ou le groupe de Bilderberg, entre autres). L'on y étudie comment se structurent les relations transgouvernementales à bonne distance des débats publics, en montrant par exemple comment les "mains gauches" (social et écologique) et les "mains droites" (économique et financière) des Etats s'y livrent des batailles politiques et scientifiques à la fois.
L'image lénifiante de la "coopération économique" en sort dissipée, de même que celle qui place ces institutions dans un olympe savant hors-sol. L'enquête donne à voir ces espaces hautement confinés et interroge l'institution de cette figure politique non élue, qui fait bon ménage avec le capitalisme, et que l'on peut dénommer : l'épistémocratie internationale. 

Vincent Gayon est maître de conférences en science politique à l'université Paris Dauphine. Il y coordonne le groupe et le carnet de recherche Hypothèse "Sociologie politique de l'économie" qui met en dialogue la sociologie, l'économie et la science politique. Il propose depuis son travail doctoral, dont cet ouvrage est le prolongement et la systématisation, une sociologie de l'expertise économique internationale, en prenant l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) comme point d'entrée dans l'analyse des relations politiques, bureaucratiques et savantes internationales.
Ses travaux ont fait l'objet de nombreuses publications reconnues, notamment dans les Actes de la recherche en sciences sociales, Annales, Cultures & Conflits, Critique internationale, Genèses, Politix ou la Revue française de science politique. Il sera invité en 2022-2023 à l'Institute for Advanced Studies de Princeton.

Aucun commentaire: