« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


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samedi 14 janvier 2023

Actes de la recherche en sciences sociales N° 245, décembre 2022, VARIA

 

 

Actes de la recherche en sciences sociales N° 245, décembre 2022, VARIA

Seuil

2023

 

 

Présentation de l'éditeur

Ce numéro Varia s'articule autour de deux thématiques : les mobilisations des minorités sexuelles dans des contextes nationaux très contrastés et le renouvellement des conditions d'accès aux élites françaises dans un contexte de libéralisation de l'économie. Le premier article s'interroge sur l'émergence et le développement d'un "espace de la cause dite LGBT" en Tunisie à partir de 2014-2015. Il questionne plus précisément les processus de socialisation des militant. e. s. des principaux mouvements LGBT en Tunisie dans un contexte post-révolutionnaire marqué par l'élargissement du champ politique et des espaces de socialisations afférents. Le deuxième article porte sur deux cas de coopération transnationale au nom de la solidarité avec le mouvement gai et lesbien polonais. Il révèle les effets d'inégalités matérielles, culturelles et symboliques entre Europe de l'Ouest et de l'Est.
Des rapports de force traversent ainsi les relations de solidarité qui peuvent néanmoins évoluer dans le temps, vers plus de réciprocité ou au contraire se dissoudre. Dans la seconde partie, le troisième article montre de quelles façons les inégalités sociales se reconstituent une fois passées les portes des grandes écoles en France, entre d'une part les élèves issus des classes populaires et les autres d'autre part, sur une période allant des années 1920 aux années 1970.
Les grandes écoles ne constituent donc pas une "voie royale" pour tous, les moins dotés n'accédant qu'à des positions "refuge" au sein de la haute fonction publique. Le dernier article restitue enfin l'univers social dans lequel évoluent deux hauts fonctionnaires dotés d'un certain sens du jeu et de capitaux bureaucratiques (l'un technique lié à la détention de diplôme, l'autre davantage fondé sur l'expérience) qui, loin de s'opposer, se révèlent complémentaires pour peser sur les décisions politiques qui ont ouvert la voie à la libéralisation de la finance.


 

vendredi 25 août 2017

en ligne: Actes de la recherche en sciences sociales, 2014, N° 205, Varia



Actes de la recherche en sciences sociales, 2014, N° 205, Varia
Seuil

en ligne sur Cairn.info

Sommaire

Page 4 à 19
Norbert Elias, avec Johan Heilbron, Entretien traduit de l’anglais par Julien Duval et Sophie Noël
« La sociologie… quand elle est bien faite ». Entretien, 1984-1985
 
Page 20 à 41
Hassen Slimani
L'économie de la passion
Formation professionnelle et turn-over des moniteurs(trices) équestres sous conditions sociales et affectives
 
Page 42 à 57 
Nicolas Fortané 
La (les) trajectoire(s) du changement
La naissance de l'addictologie
 
Page 58 à 71
Joanie Cayouette-Remblière 
Les classes populaires face à l'impératif scolaire
Orienter les choix dans un contexte de scolarisation totale  
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Page 72 à 89
Jérôme Tourbeaux, Béatrice Valdes
Langue et constructions identitaires au Pays basque
 
Page 90 à 103
Bénédicte Reynaud
Règles, usages et habitus
Le cas d'un établissement de la RATP
 
Page 104 à 119
Fabien Eloire
Qui se ressemble s'assemble ?
Homophilie sociale et effet multiplicateur : les mécanismes du capital social
 
Page 120 à 131
Stéphane Le Lay
Enseignements empiriques et éthiques d'une biffe sociologique parmi les éboueurs parisiens
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vendredi 2 juin 2017

Collectif Degeyter, Sociologie de Lille

 
Collectif Degeyter
Sociologie de Lille 
La Découverte
Repères
2017

Présentation de l'éditeur
À Lille, le récit d’une agglomération reconvertie en métropole tertiaire, culturelle et créative semble avoir chassé les fantômes de la crise économique. Mais, cinquante ans après le début de sa désindustrialisation et sans nier les dynamiques économiques et culturelles nouvelles, la « bifurcation tertiaire » est loin d’avoir tenu ses promesses.
Lille est aujourd’hui la grande agglomération régionale la plus ségrégée de France. Les politiques publiques nationales et locales se sont révélées impuissantes à réduire les inégalités sociospatiales héritées du développement industriel et à contrecarrer un chômage persistant. La reconversion tertiaire s’est accompagnée d’une précarisation accrue du marché du travail et de ségrégations renouvelées, tant sur le plan résidentiel que scolaire.
Cet ouvrage rend compte de ces transformations, indissociablement politiques, économiques et sociales, qui font de l’agglomération lilloise un site privilégié pour comprendre les dynamiques inégalitaires des villes contemporaines.
Le collectif Degeyter est composé de neuf enseignants-chercheurs sociologues, politistes et géographes des universités Lille 1, Lille 2, Lille 3 et Paris-Est-MLV : Antonio Delfini, Fabien Desage, Fabien Eloire, Remi Lefebvre, Yoan Miot, Frédéric Poulard, Stéphanie Pryen, Juliette Verdière et Cécile Vignal (coord.).




mercredi 18 juin 2014

Re-Thinking Economics: Exploring the Work of Pierre Bourdieu

Re-Thinking Economics
Exploring the Work of Pierre Bourdieu
Edited by Asimina Christoforou, Michael Lainé
Routledge
2014

Présentation de l'éditeur
Once again, unfettered capitalism has failed. Promises for global prosperity and peace have given way to a world of deep recession, social upheaval and political instability. Once again, mainstream economics has proved its inadequacy. Despite its technical rigour and mathematical virtuosity, it failed dramatically to respond to the current crisis. Why is this so? Mainstream economics turns a blind eye to society. By assumption, it maims its analyses by wiping away what makes us what we are. There is pressing need for a critical discussion and new ideas.
We therefore turn to the insightful and stimulating work of Pierre Bourdieu. Arguably one of the major sociologists ever, he was also a major ‘economist’. Yet his works on the economy have received only scant attention, especially from economists, be they ‘mainstream’ or ‘heterodox’. Bourdieu helps to take a broader view and enrich our scientific imagination. By including dimensions of power, intuitive behaviour and social structures within the scope of his analysis, he provides for an alternative foundation of economics, based on an integrated, interdisciplinary theory. For the first time, this volume fills this gap in economics by featuring state-of-the-art research and experts from different social science disciplines. This book constitutes a first step, and hopes to become a milestone.
The book offers an innovative outlook and a unique source for social scientists of all fields, particularly economists and sociologists, who wish to engage in the study of Bourdieu and his economics with a view to developing a more pertinent theory. It will also constitute a useful reference for university students and administrators who would like to explore the economy from a Bourdieusian perspective.
PART I: Introduction
Chapter 1: Re-Thinking Economics: Why Pierre Bourdieu? Asimina Christoforou and Michaël Lainé
PART II: Who is Pierre Bourdieu?
Chapter 2: Biography – Key Concepts, Gabriella Paolucci
Chapter 3: Writings on Economics and the Economy, Frédéric Lebaron
PART III: Roots and Fruits of Bourdieu’s Economic Analysis
Chapter 4: The Symbolic Basis of Economic Life, Frédéric Lebaron
Chapter 5: The State and Economics: A Bourdieusian Critique, Gabriella Paolucci
Chapter 6: Animal Spirits and Habitus: Towards a Convergence between Keynes and Bourdieu? Michaël Lainé
Chapter 7: Bourdieu and the Marxist Economy: Bourdieu’s Outlook on Marx and his Conception of the Economic Sphere, Eric Gilles
Chapter 8: Change and not only Reproduction: Pierre Bourdieu’s Economic Anthropology and Regulation Theory, Robert Boyer, translated by Michaël Lainé
PART IV: Capitals and Institutions
Chapter 9: Capital Conversion in Post-modern Economies, Michael Grenfell
Chapter 10: Revisiting Field Theory: On Taking Bourdieu to Envisioned Futures, Doris Hanappi
Chapter 11: The Effects of Social Capital on Economic and Symbolic Profits: An Analysis of the Field and Networks of Restaurant Owners, Fabien Eloire
Chapter 12: Toward an Alternative Framework for Social Capital as Social Change: Reflections on Bourdieu’s Approach, Asimina Christoforou
PART V: Politics and Policies: How to Transform the World
Chapter 13: The Sociology of Domination: Critical Perspectives, Franck Poupeau
PART VI: In the words of Pierre Bourdieu…
Chapter 14: The Future of Class and the Causality of the Probable, Pierre Bourdieu, translated by Michael Grenfell
PART VII: Conclusions
Chapter 15: Some Answers, More Questions – A Final Note from the Editors

Asimina Christoforou is Adjunct Professor, the Athens University of Economics and Business, Greece.
Michael Lainé is a PhD student in Economics, Bordeaux 4 University, France.


(merci à Gabriella Paolucci pour l'info)

mercredi 17 octobre 2012

Séminaire: "Penser l’État avec Pierre Bourdieu" (CERAPS, CURAPP-ESS, CLERSE), 2012-2013

Séminaire inter-laboratoires interdisciplinaire sur "Penser l’État avec Pierre Bourdieu" entre le CERAPS (UMR 8026, Lille), le CURAPP-ESS (UMR 7319, Amiens) et le CLERSE (UMR 8019, Lille).
L’objet de ce cycle de séminaires est de réunir des économistes, historiens, juristes, philosophes, politistes, sociologues en vue de « penser l’État à partir de Bourdieu ». Il s’agit de créer un lieu de réflexion et un terrain d’échanges interdisciplinaires pour y croiser les regards et les approches de diverses sciences sociales sur la question étatique :
Qu’est-ce que l’État ? Qu’est-ce que penser l’État ? Qu’est-ce que la « pensée d’État », quelle est son autorité et comment se déploie-t-elle ? Dès lors, comment, d’un point de vue épistémologique, appréhender l’État au moyen d’un discours à prétention scientifique alors même que l’État est souvent l’initiateur des savoirs qui le concernent ? Comment mobiliser l’ensemble (ou du moins une vaste partie) des disciplines des sciences sociales pour pouvoir mieux penser l’État de manière objective, c’est-à-dire nécessairement distanciée ou réflexive, puisque non empreinte des catégories de la pensée d’État qui s’imposent quasi spontanément à ceux qui vivent et pensent en son sein ?
Une double actualité éditoriale et politique compose en effet un contexte stimulant pour revisiter ce questionnement. La récente publication des cours Sur l’État de Pierre Bourdieu au Collège de France (1989-1992)[1], d’une part, et la crise globale qui éprouve le pouvoir souverain, d’autre part, offrent à la fois des outils conceptuels et des cas d’étude empiriques pour interroger cet objet de recherche (scientifique) et de lutte (sociale) qu’est l’État.
Destiné à l’ensemble des (enseignants-)chercheurs amenés à croiser cette figure incontournable qu’est l’État dans leur champ d’étude, ce séminaire intéressera également les doctorants et étudiants de deuxième cycle, ainsi qu’un public plus large concerné par les transformations de l’institution étatique, qu’il s’agisse d’élus locaux, de responsables associatifs, d’agents administratifs, ou de citoyens soucieux de comprendre les conditions d’exercice des pouvoirs publics. C’est pourquoi le programme des séances sera largement diffusé par voie d’affichage et par courrier électronique, et leur lieu de tenue alternera entre la MESHS, le CERAPS à Lille, le CLERSÉ à Villeneuve d’Ascq, et le Curapp-ESS à Amiens.
L’organisation des séances visera à animer une réflexion collective autour d’intervenants issus des différents laboratoires régionaux, mais ouverte à un plus large public qui pourra contribuer à la discussion. L’enjeu est ainsi de manifester la pertinence des travaux en sciences de l’homme et de la société pour penser les États contemporains.
Une attention toute particulière sera accordée aux apports des travaux de Pierre Bourdieu pour penser l’État. C’est notamment à partir de ses cours au Collège de France que notre réflexion collective se structurera. Non pas qu’ils constituent forcément un point de ralliement, mais ils offrent un carrefour où peuvent se rencontrer et dialoguer les différentes disciplines mobilisées dans notre cycle (science politique, sociologie, philosophie, économie, droit, etc.). Les thèmes que nous avons choisis pour les huit séances prévues se veulent ainsi le reflet de ce dialogue possible.
L’État sera, en effet, abordé sous de multiples facettes. Nous nous intéresserons en premier lieu aux multiples théories de l’État afin d’avancer sur ce qui pourrait en être une définition. Nous aborderons ensuite les questions liées à sa genèse historique et sociale, en suivant le fil de son institutionnalisation. Il sera aussi question du pouvoir de l’État, notamment de son pouvoir symbolique et de sa capacité à produire des normes, du droit, et des croyances. Nous nous pencherons sur les agents de l’État, ceux que Bourdieu a appelé ailleurs « la noblesse d’État »[2], et à leurs stratégies de reproduction dans l’espace bureaucratique. Nous terminerons par une réflexion sur l’État en ce qu’il peut être considéré comme un champ, c’est-à-dire non pas comme un bloc monolithique mais comme un espace d’oppositions, de confrontations, de luttes à la fois politiques et symboliques entre des agents et groupes sociaux dotés de propriétés sociales et de dispositions différentes, placés en concurrence pour le pouvoir de et sur l’État.
Ce programme de recherche nous semble requérir, de par son objet même, de rassembler les différentes disciplines parties prenantes du projet de ce séminaire. En effet, d’une part, la science politique se retrouve dans toutes les interrogations qui concernent l’exercice du pouvoir étatique. D’autre part, la sociologie est directement concernée par toutes les questions qui abordent notamment les représentations et les actions des agents d’État. L’Etat est justement un lieu essentiel de production de catégories de pensée et d’action (que l’on pense par exemple aux « Professions et catégories socio-professionnelles » – PCS, entrées dans le langage commun mais qui constituent d’abord une nomenclature administrative des activités productives à des fins statistiques). De même, l’économie, pour peu qu’elle attache de l’importance non pas seulement aux marchés mais aussi aux institutions qui les façonnent, trouve dans les questionnements sur l’État le moyen d’enrichir sa vision du pouvoir, des normes et des croyances dans l’économie et des réponses à la performativité de ses discours. C’est également en termes de normes – mais sans doute aussi de croyances – qu’une réflexion sur l’État intéresse évidemment le droit. Bien que ce processus de régulation sociale puise très largement sa normativité à la source étatique, il fait notamment face aujourd’hui à un désengagement de l’État, lequel se voit débordé dans son rôle d’édiction de normes à la fois par des formes de droit spontané, infra-étatique, et par les processus liés à l’internationalisation, la porosité accrue des ordres juridiques et la montée en puissance de la jurisprudence d’organes supra-étatiques. Enfin, la philosophie, outre qu’elle est souvent à l’origine des réflexions sur ce qu’est l’État et sa légitimité, trouve dans la confrontation avec les sciences sociales, qui disposent de savoirs positifs, la possibilité d’acquérir une plus grande réflexivité encore sur ses objets et ses approches. Confrontée à l’appropriation par l’État et ses mandants de la « pensée d’État », elle doit toujours se situer dans une distance – dans une position nécessairement critique – pour appréhender l’État sans être contaminée par ce qu’il pense de lui-même (à travers toutes les instances administratives chargées de le définir, de le maintenir et de le construire en le pensant). En ce sens, on s’interrogera aussi sur la possibilité pour la philosophie de penser l’État sans reprendre à son compte, de manière a-critique, les catégories de la pensée d’État et, à travers un examen réaliste de ses conditions de possibilité, de penser le pouvoir de l’État (son origine et sa provenance) et, à partir de là, la possibilité et les conditions de sa légitimité.
Ce séminaire vise donc à renouveler la pensée sur l’État, en s’appuyant sur les travaux les plus récents de P. Bourdieu, de manière à mobiliser l’ensemble des disciplines susceptibles, si cela s’avère légitime, de construire un savoir sur l’État qui ne soit plus une pensée d’État. Ce faisant, il réunira trois des laboratoires des régions Nord-Pas de Calais et Picardie parmi les plus reconnus sur ces questions, en essayant de cumuler les apports de l’interdisciplinarité qui fait déjà la marque de chacun (droit, science politique et sociologie pour le CERAPS ; économie et sociologie pour le CLERSÉ ; droit, science politique, sociologie et philosophie pour le CURAPP-ESS). Ce cycle de séminaires permettra donc d’amorcer un travail interdisciplinaire et inter-laboratoires qui pourra déboucher sur l’élaboration de projets de recherche communs. Les communications et discussions seront également valorisées sous la forme de publications dans des revues (la Revue française de socio-économie a déjà manifesté son intérêt) et de working papers. Elles pourront également donner lieu à des articles de vulgarisation. Enfin, sur un plan pédagogique, ce séminaire de recherche pourra être articulé avec des enseignements en master (par exemple, les étudiants du cours « Socio-histoire de l’État » en M1 Science politique-Action publique à l’université Lille 2, seront invités à participer aux séances et à en proposer une restitution) ; les doctorants des différents laboratoires seront étroitement associés à l’organisation de ce séminaire de recherche. De manière plus informelle, nous souhaitons que ce cycle contribue à tisser des liens plus étroits entre les disciplines et les équipes de nos laboratoires respectifs afin de repérer des complémentarités et des collaborations possibles.

[1]            Pierre Bourdieu, Sur l’État. Cours au Collège de France 1989-1992, Paris, Raisons d’agir/Seuil, 2012.
[2]            Pierre Bourdieu, La Noblesse d’État. Grandes écoles et esprit de corps, Paris, Éditions de Minuit, 1989.

(source: CURAPP)
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mercredi 4 avril 2012

Appel à contribution: Faire de la sociologique économique avec Pierre Bourdieu

Appel à contribution

Mardi 15 mai 2012  |  Lille

Faire de la sociologique économique avec Pierre Bourdieu

Résumé
Le Clersé organise une journée d'études consacrée à la sociologie économique bourdieusienne et à son actualité. Cinq thèmes structureront la journée : - Penser l'ajustement entre l'offre et la demande : L'homologie structurale - Le dialogue de Bourdieu avec l’économie - L'autonomisation du champ économique, la constitution d’un habitus économique - La diffusion du nomos économique dans des sous-champs d’activité - Les transformations du champ du pouvoir économique depuis La noblesse d'État Les intentions de communication sont attendues pour le 15 mai 2012, la journée d'études se tiendra le 6 septembre 2012.
Annonce

Argumentaire

La sociologie économique de Pierre Bourdieu n’est pas toute entière contenue dans le seul ouvrage consacré aux structures sociales de l’économie (2000). On trouve dans La Distinction (1979), une théorie de « l’orchestration » entre l’offre et la demande ; dans La Noblesse d'État (1989) une analyse des luttes au sein du champ du pouvoir économique et de ses effets sur le fonctionnement et les transformations du monde social et économique ; dans les travaux d’ethnologie sur l’Algérie, une réflexion sur la genèse de l’habitus économique rationnel des individus socialisés dans un cosmos capitaliste ; dans des travaux plus théoriques sur le sens pratique (1980) une critique de l’usage de l’homo œconomicus rationnel et de l’utilitarisme dans les sciences sociales ; etc.
Un apport essentiel de la sociologie économique de Pierre Bourdieu réside dans son exigence à promouvoir le mode de pensée relationnel. En replaçant, chaque fois, les pratiques et les représentations des agents dans le cadre de l’ensemble des autres pratiques et des autres représentations qui leur seraient socialement disponibles au moment où ils agissent, cette sociologie économique donne à voir, non pas la rationalité (calculatrice) des choix effectués par les agents et les résultats qu’ils obtiennent, mais la raison qui en est au  principe, et qui est elle-même socialement déterminée par l’histoire individuelle (l’habitus de classe) et collective (les luttes de concurrence).
L’enjeu de cette journée d’études est de rassembler les travaux de recherche qui, parce qu’ils  mobilisent les outils et le mode de pensée relationnel, perpétuent cette manière spécifique de faire de la sociologie économique. Afin de donner un cadre aux discussions susceptibles de s’engager entre les chercheurs, nous proposons que les propos s’axent autour des thèmes suivants :

Penser l'ajustement entre l'offre et la demande : L'homologie structurale

Le concept d'homologie structurale permet de penser l'ajustement entre offre et demande. Cet ajustement n'est ni l'imposition de productions aux consommateurs, ni l'anticipation des « besoins » des consommateurs par les producteurs. Il s'agit du « résultat de l'orchestration objective de deux logiques relativement indépendantes, celle du champ de production et celle du champ de consommation. »
L'analyse en termes d'homologie structurale a été plus particulièrement développée en matière de biens culturels. Pourtant, la sociologie économique est concernée au premier chef : les producteurs, les produits, les consommateurs et leurs besoins, ne sont pas ici de commodes métaphores, car c'est par référence au marché économique que ces mots prennent sens pour éclairer les logiques de champs et leurs rapports. Comment placer l'homologie structurale  au cœur de l'analyse de marchés, de sous champs économiques ? Comment – au sens propre - les consommateurs choisissent-ils des produits qui les choisissent ? On attend des contributions qui mettront en évidence la pertinence du concept, et qui montreront que la métaphore de l'orchestration est préférable à celle de la main invisible pour penser la rencontre entre l'offre et la demande.

Le dialogue de Bourdieu avec l’économie

Paradoxalement, Pierre Bourdieu a engagé un dialogue critique avec l’économie mainstream (et son rejeton sociologique, la « théorie du choix rationnel ») sans pour autant chercher d’alliés du côté des économistes hétérodoxes.
Dans un premier temps, le concept économique d’intérêt, appliqué aux mondes de l’art, de la culture, de la religion, a été pour lui un moyen de « désenchanter» ces mondes et de les observer d’un point de vue matérialiste. Dans ses études désormais un peu oubliées qu’il a faites avec Alain Darbel sur les stratégies de fécondité, il est en apparence très proche de la théorie de la famille de Gary Becker, au point que certains auteurs (e.g. Fiske) ont cru mettre en évidence la parenté entre les deux auteurs. Mais, à la différence de Gary Becker ou de James Coleman (avec qui on sait peu qu’il a co-signé un ouvrage, inédit en français), Bourdieu ne fait pas du calcul rationnel et de la maximisation de l’utilité les ressorts de l’ensemble des actions, il pose la question des conditions sociales de possibilité de la rationalité économique, comme cas particulier du possible, en matière de ressorts de l’action.
Dans ses derniers écrits, une fois bien établie la notion d’illusio (en relation avec celle de champ), en lieu et place du concept d’intérêt, sa position devient explicitement critique, et son étude empirique sur le marché de la maison individuelle pose les principes d’une approche du monde économique explicitement alternative de celle de l’économie mainstream. Nous aurons à nous interroger sur ces différentes étapes du rapport à l’économie dans l’évolution de la pensée de Bourdieu, ainsi que sur l’intrigue que constitue l’absence chez lui de toute référence aux économistes hétérodoxes.

Autonomisation du champ économique, constitution d’un habitus économique

Depuis ses travaux sur l’Algérie, Bourdieu a souvent mis en lumière l’opposition entre les mondes domestiques ou traditionnels, qui reposent sur une dénégation de l’économie et cet univers spécifique qu’il appelle le « champ économique ». Au terme d’un processus historique de différenciation et au prix d’une révolution symbolique radicale, le champ économique s’est autonomisé (au moins relativement) en un cosmos réglé par un nomos spécifique que l’on peut résumer par la tautologie « les affaires sont les affaires » : dans ce champ désormais autonome il devient légitime de « faire de l’argent » comme une fin en soi, sans qu’aucune autre justification (morale ou religieuse) entre en ligne de compte.
Parallèlement à ce processus, un habitus économique adapté à ce champ a fait son apparition. De nombreux auteurs, historiens de l’économie ou sociologues (e.g. Viviana Zelizer), ont contribué à décrire quelques-unes des étapes par lesquelles s’est progressivement autonomisé le champ économique et établi l’habitus économique. Nous invitons les participant(e)s à proposer des contributions sur ces thèmes.

La diffusion du nomos économique dans des sous-champs d’activité

En 1997, dans un article-bilan consacré au « champ économique », Bourdieu décrit cet univers, historiquement construit, où le nomos spécifique est la recherche de la maximisation du profit matériel individuel. Constatant la diffusion de ce nomos à de plus en plus de sphères de l’existence, Bourdieu parle d’une « révolution conservatrice ». Celle-ci a lieu par exemple dans l’édition (1999), où un processus de concentration affecte ce sous-champ d’activité, transformant les pratiques et les subordonnant de plus en plus étroitement aux normes commerciales.
Les interrogations portent alors sur le caractère irréversible ou non de ce phénomène, ou sur l’état des résistances à cette emprise de la marchandisation. En plus des contributions aujourd’hui classiques en sociologie économique, en termes de construction sociale des activités économiques (Garcia-Parpet, 1986), nous sollicitons aussi des travaux qui décrivent et réfléchissent aux déterminants de l’avancée de ce nomos économique et des luttes, internes à différents sous-champs économiques, pour la préservation de leurs frontières, de leur autonomie et de leurs pratiques.

Les transformations du champ du pouvoir économique depuis La noblesse d'État

A partir de l’analyse menée sur l’état du champ du pouvoir économique dans les années 1970 (La Noblesse d'État, 1989), Bourdieu fait le constat d’une consolidation de la position des banques et des banquiers, d’une perte d’autonomie financière des entreprises industrielles, et au sein de celles-ci, d’un renforcement de la direction financière par rapport à la direction technique. Plus précisément, il montre que les positions centrales du champ du pouvoir économique sont principalement occupées par les « patrons d'État ». Dans la concurrence qui les oppose aux « patrons familiaux » (fondateurs ou héritiers) et aux « patrons techniquement compétents » (ingénieurs polytechniciens), ces anciens élèves de Sciences Po ou de l’ENA sont porteurs, à la fois, d’un nouveau mode de domination, de type moderniste, qui prend la forme d’un néo-paternalisme éclairé, inspiré des techniques modernes de management néolibéral à l’américaine (flexibilité, autonomie, benchmarking, etc.), et d’une nouvelle vision du monde économique et social, hautement euphémisé, qui s’appuie largement sur l’utilisation d’un langage d’entreprise conçu, par exemple, pour masquer les hiérarchies formelles ou pour rendre plus douces les formes objectives de contrainte liées à l’organisation productive.
Où en sont aujourd’hui les « patrons d'État » ? Occupent-ils toujours une position centrale dans la structure de la distribution du pouvoir économique, politique et social ? Dans ce cas, quelles sont les stratégies de reproduction qu’ils ont mises en place pour se maintenir ? Et quelles transformations du champ du pouvoir, et du champ des Écoles du pouvoir, cela a-t-il induit ? En apportant des réponses à ces questions suscitées par les travaux de Bourdieu, on voudrait pouvoir mieux saisir le lien entre les stratégies des dominants en lutte dans le champ du pouvoir économique et le processus de financiarisation de l’économie.

Calendrier

Les intentions de communication (environ 3000 signes) devront être envoyées à l'adresse suivante : je.socio.eco.bourdieu@gmail.com

avant le 15 mai 2012

L'avis du comité scientifique sera communiqué le 15 juin.

Les communications retenues devront être envoyées avant le 31 juillet, de façon à être mises en ligne.

Pour toute information complémentaire, n'hésitez pas à contacter les membres du comité d'organisation.
  • bernard.convert@univ-lille1.fr
  • helene.ducourant@univ-lille1.fr
  • fabien.eloire@univ-lille1

Comité scientifique :

  • Bernard Convert (Clersé),
  • François Denord (CSE),
  • Johan Heilbron (CSE),
  • Marie-France Garcia Parpet (CSE),
  • Frédéric Lebaron (CURAPP),
  • Monique de Saint Martin (IRIS)

Comité d'organisation :

  • Bernard Convert (Clersé),
  • Hélène Ducourant (Clersé),
  • Fabien Éloire (Clersé)

Mots-clés
  • sociologie économique, Bourdieu, habitus économique, homologie, champ économique, pouvoir économique
Lieu
  • Lille (Clersé - Université Lille 1)
Date limite
  • mardi 15 mai 2012
Contact
  • Hélène Ducourant
    courriel : je.socio.eco [point] bourdieu (at) gmail [point] com
Source de l'information
  • Hélène Ducourant
    courriel : helene [point] ducourant (at) univ-lille1 [point] fr

« Faire de la sociologique économique avec Pierre Bourdieu », Appel à contribution, Calenda, publié le mercredi 04 avril 2012, http://calenda.revues.org/nouvelle23358.html
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voir également: