Vanessa Codaccioni
Justice d'exception
L'État face aux crimes politiques et terroristes
CNRS
2015
Présentation de l'éditeur
Qu’ont en commun d’anciens collaborateurs qui ont fui la France à la
Libération, des activistes de l’OAS, des espions soviétiques, des
gauchistes de Mai 68 et de la Gauche prolétarienne, des autonomistes
corses, basques et bretons ou des membres d’Action Directe ? D’avoir été
jugés par la Cour de sûreté de l’État, une juridiction d’exception
créée par le général de Gaulle à la fin de la guerre d’Algérie et
supprimée par François Mitterrand au début de son premier septennat.
Siégeant pendant dix-huit ans et réservant à des milliers de
militants un traitement radical et spécifique, comme les gardes à vue
prolongées, les arrestations de nuit, le jugement par des militaires ou
les examens psychiatriques, elle illustre une tradition française de
justice politique. Or, ces dispositions contre les « ennemis intérieurs »
ne disparaissent pas en 1981 et sont progressivement réintégrées dans
l’arsenal sécuritaire pour constituer le socle de la lutte
antiterroriste. De la répression de l’OAS au jugement des « malfaiteurs
terroristes » par une justice dérogatoire au droit commun aujourd’hui,
c’est toute la généalogie de l’antiterrorisme que ce livre retrace.
Par cet ouvrage passionnant qui s’appuie sur des archives inédites,
Vanessa Codaccioni interroge la manière dont l’État fait face aux crimes
politiques et terroristes depuis les débuts de la Ve République. Mais
elle engage une réflexion plus générale sur les frontières, toujours
ténues, entre justice ordinaire et justice politique, et sur
l’utilisation de dispositifs d’exception en régime démocratique.
Maîtresse de conférences en science politique à l’Université Paris 8, Vanessa Codaccioni est notamment l’auteure de Punir les opposants. PCF et procès politiques, 1947-1962 (2013).
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