Savoir/Agir n° 43, Travail social, travail politique ?
du Croquant
2018
Présentation de l'éditeur
Le regard politique sur le travail social oscille entre, d’une part,
la dénonciation des injonctions libérales à la responsabilisation et à
l’individualisation et, d’autre part, la défense de la « main gauche de
l’État ». Cette tension condamne les professionnel.le.s à des positions
intenables. Et la managérisation des politiques publiques conduit à une
transformation des tâches, qu’il s’agisse de contrôler de façon plus ou
moins voilée les “ayant droits”, de se faire l’évaluateur contraint de
son propre travail, ou de voir la réorientation des missions et les
stratégies de survie de l’institution employeuse délaisser les “missions
de service public”. Comment le travail social résiste-t-il, comment les
professionnel.le.s se ressaisissent-ils des questions politiques liées à
leur travail ?
Les auteurs de ce dossier, coordonné par Jérôme Camus et Frédéric
Chateigner, ont mis l’accent sur la diversité des métiers dans le
travail social. Les formes de résistance, le caractère politique que
l’on associe à son activité, varient en effet selon le degré d’autonomie
de la profession. La plus ou moins grande proximité avec la commande
politique ou les autorités administratives ou économiques peut également
permettre de comprendre les positionnements parfois ambigus des
institutions du travail social et de leurs agents. Et c’est peut-être en
regardant dans les franges les plus dominées du travail social, dans
ces lieux où il se mêle aux militantismes, que l’on peut le mieux
apercevoir la réappropriation politique par les professionnel.le.s
eux/elles-mêmes, de la question des effets de leurs propres actions.
Si l’on n’échappera donc pas à l’inévitable question du contrôle
social dans le travail social, ce numéro de la revue le reprend comme à
rebours, en interrogeant sinon les conditions de possibilité d’une
action politique moyenne et cultivée sur les classes populaires, du
moins celles d’une réappropriation, par le travail social, de
dispositions émancipatrices.
Sommaire
ÉditorialLe mythe de la compétitivité et le déclin de l’Occident, Frédéric Lebaron
Dossier
Travail social, travail politique ?, Jérôme Camus, Frédéric ChateignerLa place de l’usager dans le système social et médico-social Vers un accompagnement total ?, Hugo Dupont
À la recherche de la profession perdue ? L’évitement du politique dans la formation d’assistant-e de service social, Ruggero Iori
Pour quoi faire de la parentalité ? Des professionnel.le.s aux prises avec la régulation politique des familles, Jérôme Camus
La participation citoyenne Sur les ambiguïtés du « pouvoir d’agir », Clémence Bernardet, Alain Thalineau
Réinventer l’animation par l’éducation populaire ? Quand le travail social se politise, Nicolas Brusadelli
Entretien avec des salariées de deux structures de l’« éducation populaire politique » L’Engrenage (Tours) et La Trouvaille (Rennes), Jérôme Camus, Frédéric Chateigner
Grand entretien avec Michael Burawoy
Entre marxisme et ethnographie Itinéraire d’un sociologue global, Sébastien Antoine, Cécile Piret, François Rinschbergh
Paroles
De l’État social à l’État humanitaire, Pascal Martin
La rhétorique réactionnaire
Le chômeur « néolibéral », Gérard Mauger
Chroniques du monde
Le temps des incertitudes Les turbulences dans le champ politique britannique depuis le vote sur le Brexit, Keith Dixon
Culture
Professeur contractuel en Seine-Saint-Denis, Mustapha Belhocine
Idées
« Foule sentimentale » Sur l’hommage populaire à Johnny Hallyday, Gérard Mauger
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